70 peintres de la Collection du Département du Rhône, à l'honneur à Vourles, dans la Maison Forte...

Jeudi, 12 Janvier, 2017 - 10:55

Une initiative courageuse de Christophe Guilloteau, président du Département...

Serge Fages, Christophe Guilloteau, et Michel Régnier

Il faut remercier le député, Christophe Guilloteau, homme de terrain qui démontre, chaque année, aux côtés de Serge Fages, maire de Vourles et de Michel Régnier, adjoint à la Culture et à la Protection du patrimoine, son attachement profond à la peinture lyonnaise. Christophe Guilloteau fut enchanté par la donation (une quarantaine de toiles) du docteur Antoine Appeau. Ce fut le déclencheur. Michel Régnier n'a pas failli à son habitude. Il a signé un texte indispensable (en se référant aux sources fiables) pour comprendre, comment le siège du Conseil général, Hôtel du Département est devenu un des plus efficaces lieux de préservation des arts plastiques à Lyon. Michel Régnier trouva les mots justes pour nous dire les origines de cette collection, et la présence d'oeuvres d'Ernest Meissonnier, de Jean Alaux, de Léon-François Comerre, d'Alexandre-François Desportes, de Louis Bardey époux de la célèbre Jeanne Bardey qui fut l'amie d'Auguste Rodin, de Joanny Domer très remarqué en son temps, et aujourd'hui, injustement délaissé, d'Adolphe Louis Castex-Desgranges admirable peintre de fleurs, de Nicolas Sicard qui dirigea l'école des beaux-arts de Lyon, de Tony Tollet incontournable représentant de l'école de Lyon, président de la SLBA et de l'Académie, d'Auguste-Félix Bauer, de José Frappa, du féerique Jacques Martin l'ami du romancier et critique d'art, Henry Béraud, etc. La plus célèbre étant incontestablement, l'hommage « Aux gloires du lyonnais et du Beaujolais de Louis-Edouard Fournier. Nous découvrons, grâce à la minutie de Michel Régnier, un créateur oublié, peintre animalier, inspiré par sa lecture de la Bible, Rosa da Tivoli un pseudonyme dissimulant un autre nom, aux consonances hollandaises, Philipp Peter Roos, mais aussi : Camille Aderer, et, Kitty Tollin-Fornier qui nous permet de ressentir le charme de deux séductrices enchantées : Louise Labbé, et Madame Rolland, etc. Il faut dire la divine composition de Jean-Baptiste Chatigny, un chef d'œuvre, incarnant l'esprit renaissant par l'étude, et la célébration de la Beauté. Plus près de nous, on retrouve l'intérêt éminent de Pierre Combet-Descombes pour le pont de la Guillotière qui permit l'évolution économique de la ville de Lyon. Il devient un symbole de puissance inscrit dans une langueur romantique au sein des flots crémeux. Une peinture à fresque de René-Maria Burlet, nous dit sa capacité à peindre dans le respect d'une figuration, bien éloignée, de ce qui deviendra sa manière définitive, lui le seul véritable disciple désigné d'Albert Gleizes. Je veux parler de la sensibilité de Fabienne Amiel dont la Chanteuse russe atteint par son inspiration le rang d'une fée installée dans l'éternité. Cette sélection ne comprend que des toiles fortes : la Corrosion de Jean Batail, le paysage sibyllin de Paul Bergignat, le monde des fonds marins de Michel Biot longtemps défendu à la galerie Malaval par Anne-Marie Martin, l'allégorie sensible de Marcelle Botton chez qui ont ressent l'influence du sublime Régis Deygas, professeur exigeant sur l'étude des valeurs à l'école des beaux-arts de Lyon. La toile de Régis Deygas présente dans la Collection rappelle celle de Marie-Louise Veilleux représentant une jeune femme cueillant des glycines. La pile de linge une leçon de perspective par Marie-Thérèse Bourrat. Carton rouge pour Henri Castella, éternel suiveur. Le critique d'art, René Deroudille avait dénoncé au Salon du Sud-Est, sa soumission à l'art de Roger Bissière, plus tard, le voici transformé en valet de la manière de Claude Viallat. Triste destinée ! Serge Champin semble sortir d'un épisode de la Bataille d'Hernani. La lumière de son buisson ardent est captée par un arbre enraciné sur le tombeau de Roméo et Juliette, à moins que ce ne soit celui de Tristan et Yseult. Le Lac de Côme fourni à l'inlassable, Antoine Chartres président du Sud-Est, membre du groupe des Nouveaux qui peignait au moins deux tableaux par semaine, un sujet idéal pour capter une incomparable luminosité. Evelyne Chevalier studieuse élève de René Chancrin, mais surtout de Jean Fusaro. Un tryptique cézanien pour rendre hommage à Micheline Colin qui méritait d'être membre du groupe Sanzistes, et qui vient de nous quitter. Hélène Mouriquand incarne l'union du sensible et de la liberté. Les Sanzistes lui refusèrent aussi sa participation à l'exposition dans la chapelle du lycée Ampère, en 1948, pourtant leurs réunions se tenaient chez elle, sur les hauts de Saint-Rambert. Jean-Marc Petit ou Scanreigh est un artiste autodidacte, passionné d'estampes et de livres d'artistes, inspiré par Pablo Picasso, et Gaston Chaissac. Avec cette œuvre, Thérèse Contestin voulait protester contre la tyrannie de la carte nationale d'identité, ou du passeport en démontrant la diversité de la nature humaine. La Fondation Renaud vient de jouer un vilain tour à son œuvre qui fut bradée pendant une vente publique, à l'initiative de Michel Rivoire, son vice-président. Je crains le pire dans l'avenir. L'atelier-l'hiver est une œuvre importante dans la production d'André Cottavoz, célébré à Paris, et au Japon par la volonté de Kiyotsugu Tamenaga. Elle vient d'être offerte par son épouse, Hélène Cottavoz. Jean Couty, qui dispose désormais d'un musée à deux pas de son atelier se devait de figurer dans cet ensemble. Chaque toile de Georges Darodes est un mystère pour le profane, pour la comprendre, il faut quelques clés et beaucoup de temps. Jean Dulac fut un professeur apprécié, et un peintre de nus inégalé, la toile présentée dans cette collection reflète son aptitude à donner de la puissance au moindre sujet. Comment, ne pas comprendre que Pierre Doye ne réussit jamais à se détacher de l'influence de son professeur, Antoine Chartres. Robert Duran était le conscrit des membres du groupe Sanzistes, sa nature était généreuse, sa peinture engagée aussi. Il a choisi de partir brutalement. Nous ne l'oublierons pas. Claudette Espallergues vivait à Vaise, où, elle construisait avec une sincérité immense une œuvre colorée qui semble, ici, une réponse à Thérèse Contestin. Ariel marche toujours sur le chemin qu'il a tracé, sans faiblesse, ni complaisance. Jacques Flacher était défendu par Denise Mermillon à la galerie Saint-Georges. Très tôt, je lui trouvais du talent. Je n'avais pas tort. La sensibilité, les émotions de Simone Gambus mériterait une rétrospective, à Vourles. Gérard Gasquet est une identité inexpugnable de l'aventure des arts plastiques à Lyon, malgré mes réserves. La fine poésie de Michel Gilbert parvient à nous convaincre. La vision du Cosmos par Guetty Long est une longue réjouissance, ne boudons pas notre plaisir. Louise Hornung était un des plus respectables exemples de la présence de l'Abstraction dans notre Ecole. Intégrée à la Fondation Renaud, souhaitons que son œuvre ne figure jamais dans un abject déballage de priseur. Nous connaissons mal l'œuvre de Jacques Laplace qui fut un des professeurs de Jean Fusaro, à l'école des beaux-arts de Lyon. Le paysage présenté est très Nabi. Tout est en à plat. Le format est particulièrement intéressant. Impossible de mieux rendre hommage à cette rencontre entre l'homme et la nature, le paysan et sa terre, le ciel et les champs où, une récolte arrive, pendant que l'autre s'enracine sous les sillons. Andrée Le Coultre, proche du galeriste Marcel Michaud, élève d'Antoine Chartres, fut une gleiziste tardive, mais, studieuse, comme son mari, Paul Régny. Patrick Marquès fit la preuve de son talent de peintre et de dessinateur, ici, l'an dernier. Il a prouvé sa foi chrétienne, par son inégalable chemin de croix, dans l'église de Brignais. Rien de plus robuste dans la peinture lyonnaise que les natures mortes d'Etienne Morillon, membre fondateur du groupe Ziniar. Jacques Ravel était une âme sourcilleuse, comme sa peinture. Lara Rolland, avec Marie-Thérèse Bourrat compte parmi les plus honorables créateurs vivants de l'Ecole de Lyon. Son talent devrait être mieux célébré. Hélas, il souffre comme tous les artistes d'une malédiction injustifiée, puisque Lyon est la seconde école de peinture après Paris, et ce, depuis cinq siècles. Le coq dans sa basse-cour de Joannès Veimberg est une des plus fortes compositions de cet artiste que je connaisse, et pourtant, j'en ai vu de nombreuses, depuis l'époque, où , je fréquentais son antique atelier. Nous aimions rire ensemble, et brocarder quelques bons amis, comme André Mure, et ses solennels effets de manches. Jean Fusaro n'occupe pas dans notre ville et notre région la place qui lui revient, pourtant, il est adoré au Japon, où, actuellement, une exposition rend hommage à son talent, chez Taménaga, à Tokyo. L'art de Jean Fusaro naît d'une profonde intelligence et d'une réelle connaissance de la nature humaine qu'il peint avec humour et sensibilité. Son ouvrage le plus proche de la perfection est sans doute le chemin de croix qu'il réalisa pour l'église de Saint-Jacques-des-Arrêts, sur la route de Compostelle. Cette exposition, parfaitement réussie, eut été impossible sans la complicité de Michel Régnier et d'Olivier Desmules, et l'attention de Martine Publié, vice-présidente du Département en charge de la Culture. Car, il fallut chercher dans tous les recoins de cette vaste institution. Elle forme désormais un tout très cohérent qui va servir de vitrine à la peinture lyonnaise. Un programme est déjà prévu. Renseignez-vous. Le catalogue (20€) fut réalisé avec soin, et les reproductions, très souvent en pleine page, sont de bonne qualité. Il mérite de figurer dans votre bibliothèque, comme l'objet d'une documentation nécessaire pour défendre la peinture lyonnaise. Exposition, jusqu'au 26 mars 2017, à la Maison Forte-2, rue des Vallières, à Vourles.