75e Salon Regain, mais que réserve l'avenir ?...

Lundi, 24 Juin, 2013 - 09:59

Nicolas Kouzoupis porte avec brio cet événément, mais il est bien isolé...

Georges Képénékian et Nicolas Kouzoupis

  Pas de dimanche à la campagne pour les Lyonnais amoureux de peinture, et défenseurs du Salon Regain, dont nous aimons rappeler qu'il fut présidé par Camille Niogret, Daniel Darnas, Brice Elly, Jean Baudoin, Patrick Galante, et par notre regretté ami, Henry Treffel. Aujourd'hui, Nicolas Kouzoupis maintient le cap de ce navire, menacé par les travaux du Palais de Bondy qui fut ne l'oublions pas, construit pour recevoir les œuvres des artistes, et non pas, pour faire de la location de salles, à hauts prix. Georges Képénékian, adjoint à la Culture, fit son travail avec beaucoup d'abnégation, en l'absence de toutes autres autorités politiques. Nous devons avoir une pensée, pour le trésorier de l'association, René Rimet qui traverse une tragique épreuve, luttant courageusement, contre une terrible maladie. Parmi les œuvres présentées, nous avons découvert les sculptures de Paul-Denis Fayard dont les peintures avaient retenu l'intérêt du précédent adjoint à la culture. Comme les paysans traduisaient, dans les siècles précédents, leurs préoccupations, leurs obsessions en donnant à des bouts de bois la forme de personnages réels ou fantasmés, pour conjurer leurs influences. Paul-Denis Fayard confectionnait, dans le silence de son atelier, des sortes d'ex-votos. Ils forment un ensemble qui compose une partie estimable de son œuvre, portant le même intérêt que sa très respectable peinture. Le Salon organise une vente de toiles offertes, pour participer à la restauration de la chapelle Sainte-Philomène, du Centre scolaire aux Lazaristes. Parmi les artistes ayant retenu notre attention : Anthony Bronda fasciné par le saut de l'ange de Baumgartner, Valérie Blazy dont la manière mérite de figurer dans ce lieu, comme dans sa famille ou règne la figure tutélaire de René-Maria Burlet, Claude Laurence Casoli toujours investie dans ses recherches de formes et de matières, Pascale Charrier-Royer dont le plaisir d'exposer ici faisait plaisir à voir et qui rendait hommage à Loïe Fuller, Josiane Chauvin, très profondément inspirée une des artistes les plus honorables de cette édition, Claude Couteau bien entendu, Odile Daventure dont les personnages s'affirment comme elle-même, Danielle Dehoux-Grafmeyer une des plus belles compositions présentes, « Chrysoprase marine » une orfèvre au sommet de son art, Gérard Elefteriou nous propose un voyage médiéval au coeur d'un torrent de lumière et d'une cascade de feu, Georges Gaillard qui ne renoncera jamais à sa peinture de paysage, lui qui fut un professeur militant et consciencieux, Laura Julien qui a le sens inné des proportions, peut-être, parce qu'elle est fille d'architecte, Claude Leclercq qui utilise des couleurs porteuses de spiritualité pour dire la sérénité de la montagne et de ses sommets, Xavier Moulin qui peint l'Ostracisme, peut-être celui de François Hollande Tartandouille. Xavier Moulin a une particularité. Il déteste les fonctionnaires. Serait-ce de l'Ostracisme ? Josette Touloumet peint ses souvenirs voilés, perdus, mais pas tout à fait oubliés. Heureusement. Elise Palmigiani doit s'impliquer plus encore, dans la connaissance de l'univers de la peinture et des arts en général, auquel, elle veut appartenir. Gabriel Ohayon est un artiste, comme on les apprécie. Il est libre. Très imaginatif. Il nous dit en trois portraits, comme des statues de sel « l'écho de leur voix 1, 2, et3 ». Remarquable démarche. Notons que Gabriel Ohayon est une sore de sosie de Jean Couty, avec le même caractère trempé dans l'acier, et une taille modeste, mais l'ardeur d'un éternel combattant. Danielle Perge traduit «  l'effroi féminin ». Au trait, au fil de la main, pour dire le profond malaise d'un être ébahi, par la profonde nullité de notre époque. Bravo ! Admirable ! Bernard Pourchet qui porte un nom très célèbre dans l'univers de la peinture lyonnaise, est un chercheur. Photographe, il intitule un de ses travaux « polaris ». Oui, il y a du travail. Et de la mode, de l'actualité. Pourquoi pas ? Janine Rimet qui vit une terrible épreuve symbolise ce qu'il y a de ici de plus élevé. Dans l'œuvre de Janine Rimet, la quête de la spiritualité est partout « Origines et influences » et l'Envers du décor » démontent sa vigilance, sa lucidité constante. Comment, trouve t'elle encore la force de chercher « le Graal » ? On voit aussi une œuvre d'Odile Rivat. Un hommage à ceux qui furent ses maîtres. Albert Gleizes et le principe de « Translation-Rotation » et René-Maria Burlet et le mouvement de la spirale. La présence de ces deux vénérables artistes indiquent le chemin d'avenir pour Regain. Ce Salon ne doit jamais couper   les liens l'unissant à ce glorieux passé qui avait obtenu le soutien du critique d'art, René Deroudille. Palais des Expositions. 20, quai de Bondy Lyon 5e. Tous les jours 14h-18h dimanche 30 juin : 10h-12h / 14h -17h. Jusqu'au 30 juin 2013.