A portée d'Asie / Musée des Beaux-Arts de Dijon – INHA – Éditions Lienart
Sous la direction de Pauline d'Abrigeon, Pauline Guyot et Catherine Tran-Bourdonneau qui ont réuni les chercheurs parmi les plus reconnus dans chaque domaine envisagé.
Exposition autour des collections asiatiques du musée des Beaux-Arts de Dijon, réalisée en partenariat avec l'Institut national d'histoire de l'art (INHA). Plus de vingt prêteurs dont quinze institutions nationales ont contribué à ce projet d'envergure. Inaugurée lors de la première édition de la Semaine du Japon à Dijon, l'exposition mobilise le monde associatif, culturel et artistique autour d'une thématique fédératrice. A portée d'Asie qui porte le label « Exposition d'intérêt national » est le premier volet de la convention-cadre signée le 15 décembre 2022 qui lie la Ville de Dijon et le musée du Louvre pour quatre ans. Ce partenariat s'inscrit dan le prolongement de l'opération nationale intitulée Arts de l'Islam. Un passé pour un présent, portée par le musée du Louvre et la Réunion des Musées nationaux-Grand Palais, à laquelle le musée des Beaux-Arts de Dijon s'est associé (2021-2022).
A la faveur d'une rénovation d'ampleur, le musée des Beaux-Arts de Dijon s'est engagé depuis près de quinze ans dans une vaste campagne d'étude de ses collections. Nous avons apprécié l'honnêteté et la diplomatie de la mise au point d'Eric de Chassey, directeur de l'Institut national d'histoire de l'art : « Les collectionneurs et collecteurs furent certes généralement animés par un véritable amour des cultures asiatiques, mais ils se souciaient souvent peu du consentement de ceux qui, en Asie, possédaient à l'origine les objets qui suscitaient leur désir, même s'il importe de garder à l'esprit qu'ont aussi existé des échanges pacifiques, des curiosités sincères, des cessions volontaires, y compris pour des montants financiers importants. »
Les grands thèmes développés pour couvrir cette présentation historique et culturelle sont : Les promoteurs du goût : du négoce des marchands merciers aux ventes de l'Hôtel Drouot, Une Asie rêvée : trajectoires de collections privées au XIXe siècle, et La collecte et le voyage en Asie : missions officielles et premières enquêtes scientifiques.
Sous un angle biographique restituant la « geste » des voyageurs-aventuriers et des premiers orientalistes, l'exposition s'inscrit dans un contexte historiographique renouvelé. Elle souligne combien les collections formées se situent à la croisée de disciplines et surtout de communautés multiples (érudits et curieux, marchands et agents, artistes, diplomates et scientifiques, fonctionnaires coloniaux).
Au XVIIIe siècle, les marchands européens jouent un rôle majeur dans la promotion des objets asiatiques acheminés par la Compagnie des Indes qui durant le XVIIe siècle fournissait laques, pocelaines, épices, textiles et marchandises variées. L'amplification de ce commerce au siècle suivant apporta une profusion de céramiques et d'objets asiatiques. Au lendemain de la première guerre de l'Opium, la mission Lagrené élargit considérablement le champ de productions rapportées d'Asie. Sans oublier siècle la découverte de la Corée « pays du calme matinal » au XIXe siècle.
Vous apprécierez les porcelaines de Chine d'Edmond de Goncourt dans la collection d'Ernest Grandidier. Florine Langweil (1861-1958), marchande et experte d'art asiatique au XIXe siècle. La collection Philippe Burty (1850-1890) critique d'art. La maison-musée et les mille six-cents œuvres orientales du couple d'amateurs rouennais Jules et Valentine Adeline. Le « musée chinois » rêvé des peintres lyonnais Edna et Anthelme Trimolet. La collection documentaire d'un érudit japonisant Emmanuel Tronquois (1855-1918). Un savant en mission. Edouard Chavannes (1865-1918) en Chine en 1907, ou comment constituer l'archéologie chinoise comme une science régulière. Et encore la collection d'André Leroi-Gouhan, portrait du Japon populaire des années trente
Cette exposition et le catalogue permettront à un large public de s'émerveiller autour de la richesse des collections asiatiques, en complément des figures les plus en vue, les fondateurs des grands musées (Émile Guimet, Henri Cernishi), les critiques d'art (les frères Goncourt), et les écrivains (Pierre Loti).
Plus de 300 reproductions. Avec la liste de toutes les œuvres exposées. Bibliographie et index. Broché avec larges rabats. Format : 27 x 21 cm. 320 p. 55€. Musée des Beaux-Arts de Dijon, jusqu'au 22 janvier 2024.
Paule Martigny – Mémoire des Arts / blog-des-arts.com