Antoine Barbier, au Musée Allard, à Montbrison…

Mardi, 18 Juin, 2013 - 09:05

Après le Musée Déchelette, à Roanne, le département de la Loire, poursuit ses hommages au peintre Antoine Barbier…

Marc Bisson-Barbier, Sandrine Montagnier et Marie Picard-Daillère

Forez-Orient-Forez. Longtemps pour moi, le nom d’Antoine Barbier correspondit à la connaissance de quelques aquarelles, et à la liste des membres du Salon des Aquarellistes, où il figurait parmi les fondateurs, aux côtés du très appliqué et talentueux, Eugène Villon. Antoine Barbier est né à quelques kilomètres du Musée Allard, à Saint-Symphorien-de-Lay, et, il occupa longtemps une maison, encore plus proche, à Saint-Galmier. On ressent chez les organisateurs de cette exposition, un engouement, une volonté d’offrir aux visiteurs un enseignement, le désir d’utiliser des voix pédagogiques. Pour réussir cela, il fallait un accrochage rigoureusement maîtrisé par Sandrine Montagnier, et une formulation didactique scrupuleuse, exprimée par Marie Picard-Daillère (assistante du conservateur Henri Pailler), et pour la relecture : Séverine Devin, Odile Mathevet, et Maud Murigneux. Le Musée Allard reçoit de nombreux groupes d’élèves très ouverts à cette initiation. Une démarche exemplaire. Le catalogue (96 p. est en vente sur place,15€), comme l’exposition tout entière, est très fidèle à ce que fut Antoine Barbier, à sa destinée : un jeune homme exilé en terre étrangère, un pur esprit romantique attiré par les épisodes sombres de l’histoire de France, comme les bombardements en 1915, à Reims, qu’il décrivit à la manière de Gustave Doré, un esprit engagé pour la défense des artistes, un soutien pendant la première guerre mondiale à ceux qui souffrirent des multiples désastres de cette tragédie, etc. Antoine Barbier qui fit un long séjour dans Alger, réussit un de ses chefs d’œuvre en peignant le paquebot dans le port, dont les épaisses fumées noires sèment le trouble dans nos esprits, et désormais, propriété du musée Déchelette. On pense aux émeutes algériennes, à la fin de l’empire colonial français, perpétué par Jules Favre et Jules Ferry. Pour bien comprendre une œuvre, il faut la regarder longuement. Viennent alors des sensations plaisantes ou pas, nées de la présence de la couleur, de la forme. Une vie de l’esprit. Une observation plus profonde permet d’échafauder des hypothèses, d’entrer un peu plus encore en communication avec le ressenti de l’artiste, sa volonté de dire. Et, Dieu sait, à quel point, Antoine Barbier était nourri de son désir d'échanger ses perceptions du Monde. On voit ici, une toile somptueuse, avec comme pour une opposition, un cerisier largement en fleurs, et face à lui, à son pied, un puit aux eaux glauques, et dans le lointain, Lyon et la Basilique de Fourvière. Comme une lutte entre le Bien et le Mal, sous la pression de l’empire catholique. En revanche, lorsqu’Antoine Barbier est fidèle à la réalité, lorsqu’il la sert avec concision, son art et ses réalisations atteignent des sommets, comme pour « Port de Roanne » en 1900.  Dès l’entrée, on est cueilli par une solide composition, « une maison à Montbrison ». Le dessin est ferme. Il traduit bien le métier de son auteur. Si, je suis persuadé qu’Antoine Barbier n’est pas un peintre impressionniste, je pense devant cette quête de la lumière sur la façade, à ces peintres emmenés par Paul Signac, qui voulurent expérimenter les couleurs méditerranéennes, à partir de 1905, autour de Saint-Tropez, puis de l’Estaque, où Paul Cézanne peignit d’admirables paysages. A son retour à Lyon, lorsqu’il fit connaissance de son épouse « Tinam », Antoine Barbier s’inscrivit au cours de Claudius Barriot (1846-1908), membre du jury du Salon de la Lyonnaise des Beaux-Arts, ami de Tony Tollet, d’André Perrachon, de Félix Bauer, de Nicolas Sicard, de Pierre Miciol, de Charles Jung, etc. Devant certaines toiles d’Antoine Barbier, on peut parfois penser à Fleury Chenu. Une occasion pour le Musée Allard, de dire le talent de Claudius Barriot, dont la peinture évoque celle d’Auguste Renoir. Remarquons que parmi les fondateurs de la Société Lyonnaise des Beaux-Arts figurait le peintre Charles Allard, né à Toulon. Décidément, que penser du hasard ? Signalons aussi en parallèle, la présentation des œuvres d’Albert Doran (pseudonyme de Marie Couturier, épouse Grenetier, longtemps l’étude des arts fut refusée aux jeunes filles), élève d’Antoine Barbier, à l’Ecomusée des monts du Forez, à Usson-en-Forez jusqu’au 25 septembre. Il faut saluer Henri Pailler, conservateur en chef des musées du Forez qui reprendra bientôt son activité. Marc Bisson-Barbier, petit-fils d'Antoine Barbier, préside l'association qui défend la mémoire de cet artiste trop longtemps marginalisé. La rétrospective, organisée au musée Déchelette, fut une première victoire. Celle-ci, au musée Allard, très facile d'accès par l'autoroute, en est une seconde. Nous sommes heureux de constater que Marc Bisson-Barbier, compte désormais, parmi les plus dévoués soutiens de l'aventure des arts plastiques, à Lyon. Bonne nouvelle. Exposition Antoine Barbier, jusqu’au 25 septembre 2013. Tous les jours de 14h à 18h. Renseignements : 04 77 96 39 15.