Bernard Buffet et Jean Couty, deux parcours qui s'accompagnent parallèlement...

Lundi, 22 Octobre, 2018 - 17:48

Ils ne se sont probablement jamais rencontrés, mais, le plus important n'est pas là...

  La guerre venait de s'achever, nous étions en 1947, et, l'œuvre de Bernard Buffet apparaissait, sans aucune concession, dans la volonté de rompre avec toutes les habitudes, toutes les lois, et surtout, toutes les coteries. Impossible de réduire Bernard Buffet, à un groupe, pas même, à celui de « l'Homme témoin ». Sa révolte débordait, elle éclatait dans chaque toile, souvent semblable à une prison, des murs abjects et de la souffrance, une douleur immense qui submergeait tous les regards qui se portaient sur elle. On entend des cris, et l'angoisse monte, vous emportant au bord du vide. Rien, il n'y a plus rien, disait une voix engagée dans la chanson, celle de Léo Ferré, et les textes de son ami, Jean-Roger Caussimon. Il y a une toile admirable dans son format, cette Corrida de 1966 qui rappelle que les courses de taureaux passionnaient alors, les écrivains comme Ernest Hemingway, et, les artistes, comme Pablo Picasso, et notre humble ami, Jean-Albert Carlotti qui ne quittait plus les arènes avec son mentor en tauromachie, Jean de Baroncelli, petit-fils du marquis félibrige, et bientôt, responsable des pages culturelles du journal Le Monde. Jean Couty, lui, depuis la Libération, vivait un rêve. Il exposait dans la galerie de Katia Granoff, à Paris, qui pendant les odieux combats fratricides avait protégé les chefs-d'oeuvre de Claude Monet, et notamment, certaines Nymphéas. Jean Couty qui est incontestablement le peintre, né à Lyon, le plus passionnant du XXe siècle, préparait la présentation de sa phénoménale série d'églises romanes et de cathédrales parcourant les routes de France. Jean Couty inscrivait son œuvre dans la Modernité, avec ses amis du groupe des Nouveaux. Admirateur de Paul Cézanne, il étudiait la lumière comme la révélation de sa peinture. Jean Couty avait quarante ans, et Bernard Buffet, vingt de moins. L'homosexualité était interdite, et sévèrement réprimée. Il fallait beaucoup de courage pour la décrire. Précurseur de l'outing, Bernard Buffet mettait sa différence en peinture. Il n'avait pas encore rencontré Annabel Schwob, l'une des muses médiatiques de Saint-Germain-des-Prés. Avec Annabel, Bernard Buffet allait fonder une véritable famille, et adopter trois enfants : Virginie (hélas, décédée), Danielle et Nicolas Buffet. Nicolas Buffet trouva les mots justes pour féliciter Charles Couty, dans sa monumentale volonté de servir l'œuvre de son père, Jean Couty. Lui seul pouvait réussir ce musée pour l'art moderne et contemporain. S'exprimer, en laissant parler son cœur, ouvre toutes les portes, et, Gérard Collomb, désormais contesté, depuis sa brutale démission, a réussi à gagner, en évoquant ses liens intimes, avec Jean et Simone Couty, à conquérir tous les esprits. Bravo ! Michel Régnier, adjoint à la Culture de Vourles était là. Une absence remarquée, celle de Christophe Guilloteau, président du Département du Rhône, maintenant militant pour la défense de l'aventure des arts plastiques à Lyon et en région. Charles Couty démontra une fois encore, la force de ses convictions. Il est bien le digne héritier de ces bâtisseurs de la Creuse, maçons, et, entrepreneurs infatigables. Je vous recommande chaleureusement, ne serait-ce que pour la signifiante juxtaposition des vues de New York par ces deux maîtres du dessin et de la peinture, une visite de cette exposition événementielle, à partager avec votre famille, et vos amis.   Musée Jean Couty. Jusqu'au 14 avril 2019. 1, place Henri Barbusse-Lyon 9e. 04 72 42 20 00. www.museejeancouty.fr musee@museejeancouty.fr Du mercredi au dimanche 11h à 18h. Parking gratuit. Alain Vollerin