Centre Pompidou, Marcel Duchamp, la peinture même...

Jeudi, 30 Octobre, 2014 - 16:46

Marcel Duchamp, misanthrope à jamais, selon son propre aveu...

Saviez-vous que Marcel Duchamp avait peint des nus?

Mais, est-ce que Marcel Duchamp aimait la peinture ? La peinture m'aime, mais je n'aime plus la peinture, aurait-il pu dire un jour. Vers 1913, il la qualifiait, pour la disqualifier de « rétinienne ». Rien d'autre. Pour bien comprendre, Marcel Duchamp, il faut indispensablement avoir lu les entretiens de Marcel Duchamp avec le critique d'art, Pierre Cabanne, judicieusement réédités par Allia. Je n'étais pas surpris de constater que dans les rayons de la librairie figuraient en abondance le catalogue de l'exposition, mais très peu, cet ouvrage dont la lecture est plus que nécessaire. Il confirme que Marcel Duchamp n'était pas l'homme décrit par les zélateurs de l'Art contemporain, souvent enchaînés à leurs positions de fonctionnaires. Cette initiative heureuse, dont le commissariat fut assuré par Cécile Debray, a le mérite de nous montrer à quel point Marcel Duchamp, comme ses deux frères, fut un adepte convaincu de la peinture, admirateur de Paul Cézanne, et même des Impressionnistes. Il composa des nus influencés par le maître d'Aix, mais aussi, par les expressionnistes allemands et les fauves. L'exposition s'achève par un curieux aménagement du Grand Verre. Je l'avoue. J'admire Marcel Duchamp. Tout dans sa personnalité m'enchante : son sens immense de l'humour, son goût pour les échecs, sa détestation du travail salarié, son regard misanthropique sur nos frères humains, sa lucidité sur l'inanité de ses premiers apologues, sa volonté de toujours maintenir des distances, même avec ses amis, etc. Je recommande cette visite au fondateur, et à tous les membres du jury du prix Marcel Duchamp, à la condition de les avoir préalablement enduits de poix et de plumes. Non ! Marcel Duchamp n'a rien en commun avec l'actuel Art contemporain. Il l'aurait fortement et définitivement désavoué, comme une expression extrêmement banale, d'une humanité et de sociétés en complète dégénérescence. Centre Pompidou. Jusqu'au 5 janvier 2015.