Espace Berthelot. Le Groupe des Douze, cru 2023

Mardi, 28 Février, 2023 - 15:30

Réussir à échapper à l’académisme. Les Douze pour ne pas être treize. Sans être pour autant superstitieux

Les salons d’art offrent une diversité de styles et de techniques. Cette exposition en est la magnifique démonstration. Claire Durieux présente "Vie en bleu", une série de végétaux peints avec finesse selon la technique des "Rayogrammes" du surréaliste Man Ray. Un résultat qui convoque notre rapport intime à la nature. On retrouve Janie Petit et sa passion de peindre, des petits formats touchants, des scènes de café denses, et notre coup de cœur, ses sous-bois moussus perlant d’humidité, traversés de chemins naturels et d’eaux indomptées. Jean-Michel Reviran explose, révélant sa riche nature. De l’énergie dans le geste et les couleurs avec des surgissement insolites d’éléments géométriques volants. Objets non identifiés. Amis ou ennemis ? Evelyne Bouhey a modifié sa gamme chromatique depuis l’année dernière, le processus de création reste le même mais le spectre des couleurs est plus large. Sa manière particulière, spontanée, paraît jouer avec l’inconscient. Dans des gestes rapides des animaux et des visages naissent, ponctués par des yeux qui créent des points de fixation dans la composition. Gilbert Duchesne a profité des cimaises pour installer une belle succession de dessins, la plupart en couleur. Il dit qu’ils sont sa récréation. Sa singularité ? Il n’a pas quitté le monde de l’enfance. Ses œuvres possèdent la fraîcheur d’un garçon rêveur, celui de l’éternel cow-boy. Geneviève Cornu et son univers énigmatique. Paysages de l’inconscient, de l’artiste-poète. Ses tableaux sont souvent partagés en plusieurs visions mêlant le sibyllin au ténébreux, le visible à l’invisible. Des ectoplasmes apparaissent, comme dans sa peinture récente Inframonde. La couleur est un peu frottée pour un effet nébuleux. Les portraits peints par Annie Lancement, sur papier nous interrogent. De face ils semblent nous percer à jour intensément, mais ne sont-ils pas plutôt repliés en eux-mêmes, ou encore sidérés par un drame ? Le regardant est libre de ses interprétations devant une œuvre d’art. Droits dans les yeux, ils ont la fixité envoûtante des portraits du Fayoum. Chantal Hayette est en recherche permanente. Des éléments nouveaux peuplent ses compositions abstraites. Le feu ardent de ses touches est troublé par un malaise. Des éléments obstruent les cadences enflammées. La quête du soleil est là, intense. Maryvonne Marguerin a réinstallé deux toiles de New York, deux approches très différentes, remarquées à l’Hivernal, ainsi que la colline de Fourvière depuis le Fort de Vaise, où les responsables présentent des expositions comme l’actuel hommage à Marie Morel. On apprécie sa recherche dans des petits formats sur papier avec une technique mixte de peinture et de collage. Jean-Louis Conti a conçu la série "Iles du ciel", des univers en lévitation. Une recherche plastique séduisante qui allie graphisme et peinture. Sur une forme sphérique noire ajourée de stries poussent des arbres, coulures et filaments pendent dans le vide. Une série enchanteresse de mondes rêvés. Jean-Paul Schmitt offre une série de paysages. Tous baignant sous le soleil. De la joie, des contrastes. Incontestablement il est devenu un véritable peintre sensible au mouvement des reflets lumineux sur les paysages des monts du Lyonnais. Un seul sculpteur, Jean-Claude Dutouya, dont on avait déjà apprécié la tête de buffle pendant l’Hivernal, est bien présent dans l’ensemble du salon avec des sculptures animalières primitives et des assemblages de branches, de boules ou de ferraille. Est-ce une archéologie en gestation ? Pour passer un excellent moment en famille ou entre amis. De bonnes idées de cadeaux car les prix sont très accessibles. Jusqu’au 5 mars 2023. Espace Berthelot. 14 av. Berthelot. Lyon 7e entrée libre. Tous les jours de 14h à 18h. Alain Vollerin