Gilles Meunier. Peintures et estampes
La première fois que je suis entrée dans l’atelier de Gilles Meunier à la Croix-Rousse, j’ai immédiatement été interpellée par une grande peinture accrochée à l’entrée. Dans des bleus soutenus, un bateau et une atmosphère tout à la fois tourmentée et pleine d’énergie. Subjectivement j’y ai associé le Snark de Jack London dans les flots mugissants. Il n’en était rien. Gilles Meunier exprimait Retour de Bretagne. Pas étonnant de la part de ce loup de mer. Cette toile remarquable de 160 cm de large, le peintre l’a déclinée en une série de monotypes, imprimés sur sa presse, une pratique qu’il chérit et qu’il domine à la perfection. Chaque monotype étant, comme la technique l’indique, un modèle unique. Ces pièces constituent un ensemble d’une grande sensibilité que j’ai le plaisir de présenter dans cette exposition.
Du bleu, beaucoup de bleu dans l’œuvre de Gilles Meunier, comme le bleu de ses yeux. Chantal Soussan avait titré son article dans la revue Artension, Le regard bleu de l’homme invisible. Bastien Lagrange quant à lui avait écrit : « Visiter la peinture de Gilles Meunier, c’est prendre un billet pour un beau voyage immobile ». J’adhère à cette remarque. En effet, que ce soit dans une palette subtile de bleu ou dans une déclinaison du jaune de Naples à l’ocre rouge, l’imagination du peintre mêlée à sa connaissance des civilisations précolombiennes est sans limites.
Gilles Meunier, après une année aux Beaux-Arts de Lyon a poursuivi son parcours aux Beaux-Arts de Paris qui lui offraient un accès à des disciplines qui le passionnaient : l’al fresco, la mosaïque, l’histoire de l’art et des civilisations. A ce propos, ma deuxième admiration lors de ma visite, fut un triptyque titré Aztèque, trois cercles couverts de graphismes, avec un côté planète, compris dans trois formats carrés de 1 mètre de côté, que chacun pourra interpréter selon son cœur. Une confidence de l’artiste pour préciser l’origine de cette œuvre. Les signes évocateurs de l’alphabet aztèque qui parsèment ces peintures sont en fait issus des mots fléchés. En réfléchissant, Gilles traçait de petits dessins automatiques en marge des grilles. Il décida de les grouper et couvrit cet ensemble de cette écriture automatique, venue de l’inconscient et chère aux surréalistes.
De retour à Lyon, diplômé des Beaux-Arts en 1975, Gilles Meunier partagea des ateliers à la Croix-Rousse avant de s’installer il y a une vingtaine d’années, dans un lieu indépendant, vaste et lumineux, rue d’Austerlitz. Il travaille chaque jour, immergé dans son paysage intérieur ponctué de rêves. Solitaire, discret et modeste, ce qui est loin d’être la qualité de nombre d’artistes, il produit des estampes de tous types, des séries, dans une variété de tons enchanteresse, ainsi que de grandes toiles. C’est une joie d’accueillir à la galerie Mémoire des Arts, peintures sur toile, et une suite de monotypes, gravures, encres et huiles sur papier.
Gilles Meunier a fait de multiples expositions à Lyon, en Rhône-Alpes, à Paris, à Chambéry. Il pratique la céramique et le modelage. Le travail sur matériaux bruts : bois, papier, résine, terre, ardoise, carton, etc. En l’occurrence, vous pourrez apprécier une splendide jarre, au sein de l’exposition. Vous serrez bluffés. En ce qui concerne les commandes, citons une immense fresque, un émail sur tôle pour une usine.
Galerie Mémoire des Arts, jusqu’au 4 janvier 2025. 124 rue de Sèze. Lyon 6e. 06 32 62 93 21. Du mercredi au samedi 15h – 19h. Et sur rendez-vous.
A l’occasion d’un vernissage bis, galerie Mémoire des Arts, la journaliste Laurence Ponsonnet dédicacera son dernier roman. Samedi 21 décembre 2024 à partir de 17h.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com