Guillaume Coppola et François Castang ressuscitent Claude Debussy...

Vendredi, 21 Septembre, 2012 - 17:47

Pendant les Rendez-Vous de Rochebonne, toute une époque renaît...

Nous étions dans une église médiévale dont les abords furent intelligemment réhabilités à Theizé-en-Beaujolais, répondant à l'invitation de Philippe Lescarboura, directeur régional de GDF-SUEZ. Pour une heure de vrai bonheur. Deux gars entrent en scène. L’un est le pianiste. Il est même célèbre, en tous cas, il porte un nom glorieux. Il s’appelle Coppola. C’est lui le pianiste, Guillaume Coppola. L’autre. Celui qui l’accompagne, on se demande ce qu’il fait là. On se dit, tiens le pianiste n’osait pas rentrer tout seul. Il a trouvé quelqu’un pour l’accompagner. C’est sympa. Un peu comme quand vous aidez un aveugle à traverser la rue à une heure de grande circulation. Bravo le geste ! Mais, non, le mec, c’est François Castang. Audacieux pour venir s’asseoir sans mot dire à côté d’un pianiste et son superbe instrument ouvert. Tout de suite, je l’ai pas reconnu, François Castang. Pourquoi. ? je ne le saurai jamais. Et vous, non plus. François Castang c’est le récitant. Musicologue, historien de la musique, producteur sur France Musique. Non, il ne passait pas par là par hasard. La complicité de Guillaume Coppola et François Castang est prodigieuse. Il tisse dans la dentelle. De l’émotion en profondeur. Castang nous plonge entre deuxième partie du XIXe siècle et début de XXe. Dans le monde vu par Claude Debussy (1862-1918 ). François Castang nous lit des extraits choisis de lettres jamais anodines à ses camarades musiciens : André Messager, Ernest Chausson, Erik Satie, à l’éditeur Jacques Durand, à son ami Robert Godet. Un moment réveille des sentiments intenses chez tous les pères, celui ou François Castang lit avec beaucoup de sensibilité et de complicité avec le public des cartes adressées par Claude Debussy à sa fille Chouchou, à laquelle il dédicaça sa suite pour piano intitulée Children’s Corner. Une heure de spectacle qui file comme une étoile dans la nuit encore estivale. Une heure d’un voyage dans les riches heures musicales passées. Guillaume Coppola chante parfois la musique qu’il joue. Il susurre. On partage ce moment de concentration extrême. François Castang traduit très justement l’ironie, la causticité de Claude Debussy, mort prématurément à cinquante ans. Nous ressentons la personnalité complexe d’un homme qui fut à l’origine de la Modernité de la musique. On adosse souvent la musique de Claude Debussy aux inventions littéraires de Stéphane Mallarmé, et puisque je citais son ami Erik Satie, n’oublions pas que celui-ci a beaucoup influencé le compositeur américain John Cage. Dimanche 23 septembre, je vous recommande d’aller à Rochebonne entendre le fruit de cette rencontre entre la virtuosité de Guillaume Coppola et l’art de conteur de François Castang. Quelle sérénité ! Etre capable de rester immobile entre deux lectures, parfois les yeux clos, recueilli dans l’écoute musicale, sous l’acuité de nos regards. L’humour, la dérision, l’infinie poésie émanant des compositions de Claude Debussy : la terrasse des audiences du clair de lune. Divine fin d’été, naissance de l’automne. Le moment choisi pour vous rendre aux Rendez-Vous de Rochebonne dont la direction artistique est assurée par le talentueux pianiste Hervé Billaut. Les invités de GDF-Suez pour cette soirée, reçurent en cadeau le récent CD de Guillaume Coppola dédié à la musique d'Enrique Granados, dont nous eûmes le plaisir d'entendre La Danse espagnole. Jusqu’au 23 septembre. Réservation 04 74 60 26 16 / 04 74 07 27 40. www.rdv-rochebonne.fr