Louvre Lens - Arte Editions / Musée du Louvre

Vendredi, 7 Décembre, 2012 - 16:06

Un projet mis en place par Nicolas Sarkozy et inauguré par François Hollande…

Ce « Louvre autrement » n’est pas un musée comme les autres. Il n’est pas une antenne d’un nouveau musée parisien et affiche un authentique parti pris. Le plus vaste espace ( permanent ) se nomme La Galerie du temps. Imaginé en 2003, le Louvre-Lens fut construit par la région Pas-de-Calais au cœur du pays minier. Longiligne, il mesure 120 m de long pour une surface de 2000m2. Transparent, aux lignes fluides, il a été conçu par les architectes japonaises de l’agence SANAA. Placé dans une région ouvrière et dans un paysage marqué par l’histoire des guerres, il s’interpréte comme un geste de reconnaissance envers un pays meurtri. Il correspond à un choix : susciter un changement de regard sur les quelques 300 œuvres sélectionnées par les conservateurs des 8 départements du Louvre. Xavier Dectot directeur du Louvre-Lens intervient dans le documentaire de Michaël Gaumitz, ainsi que les directeurs des différents départements du Louvre. Ils nous guident au travers de cet espace de verre et d’aluminium pour un voyage dans l’histoire de l’humanité du IVe millénaire avant J.-C. à 1850. Henri Loyrette, président-directeur du Louvre insiste sur la vocation du Louvre-Lens, un musée ouvert à tous, et non pas, un mini Louvre. Les œuvres ne seront pas séparées par départements, mais réunies dans la volonté d’un déplacement dans le temps depuis l’art égyptien, l’art mésopotamien, et l’origine de l’écriture, la civilisation de l’Asie centrale, Babylone, l’art des Cyclades, l’art grec pré-classique et classique, l’art romain, l’Occident chrétien, l’empire byzantin, le monde islamique, l’art du moyen-âge (Le dialogue entre l’art occidental et oriental est établi). On aborde ensuite la Renaissance (Le Pérugin, Saint-Sébastien en lien avec la manière antique de traduire le corps humain), les Flamands qui inventèrent la peinture à l’huile. Le rapprochement est fait entre les renaissances italiennes et flamandes. On continue dans la rencontre des mondes avec les XVIe et XVIIe (objets et œuvres ottomanes et occidentales). Le XVIIe : Rembrandt, Georges de La Tour, Poussin, Rubens, comptent parmi les représentants de l’âge d’or de la peinture européenne et du classicisme. L’Europe du XVIe siècle réunit les Français, les Allemands, les Italiens et les Espagnols, pour l’art du portrait. Puis, nous entrons dans le XVIIIe siècle et l’art français. On retrouve le canon romain en sculpture et en peinture. Boucher et les marquises se plaisent à jouer les bergères dans une mythologie galante. Après la Révolution, nous trouvons l’Empire où Napoléon s’attacha à transformer le Louvre en musée universel, l’enrichissant du fruit de ses conquêtes de l’Italie à l’Egypte (la statue de Marc Aurèle, le discophore et l’hermaphrodite). La muséographie soucieuse d’établir des rapprochements fait voisiner le portrait de Monsieur Bertin d’Ingres, représentant le pouvoir de la presse, avec un portrait contemporain d’un prince Kadjar, un shah, personnage officiel dans une posture proche de celle de Monsieur Bertin. Etrange similitude de la pose dans deux styles différents. Des surprises apparaissent dans la Galerie du temps. Le voyage s’achève avec La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix. La Révolution à l’œuvre, l’expression d’une réalité sociale magistralement symbolisée. Certaines œuvres du Louvre sortent pour la première fois. Des restaurations furent effectuées pour l’occasion et constituent des séquences du film : un fragment du mur des archers datant de l’empereur Darius à Suze (Palais commencé en 521 av. J.-C.) ou des restaurations de peintures, comme un portrait d’enfant de Joshua Reynolds. On suit les étapes de la construction du musée. On assiste à l’emballage des œuvres et à leur installation dans le souci de les faire dialoguer. Les jeux d’échelle s’instaurent, les correspondances se tissent entre les couleurs et les thèmes. Les conservateurs décrivent des pièces emblématiques et ce qui motive leur présence. Henri Loyrette conclut en citant Charles Péguy : «étudiant pauvre et méprisé, il avait immédiatement ressenti en entrant au Louvre un sentiment de promotion de l’Etre ». Dialogue entre les périodes, entre les œuvres, entre les civilisations, une conception humaniste, remarquablement pédagogique. Recommandé aux enseignants, et à tous ceux qui ne peuvent pas faire cette visite dans l’immédiat. Film DVD de Michaël Gaumitz. 52’ 2012. Français-Anglais. Editions Arte/ Le Louvre-Lens. 19,95€.