Michel Ragon accueilli par Bernard Blistène, au Centre Georges Pompidou...

Lundi, 29 Juin, 2015 - 16:32

Michel Ragon toujours animé de la même ardeur combative...

Michel Ragon au micro…

Avant de recevoir Michel Ragon, au Centre Pompidou, Bernard Blistène fit, l'an dernier, un film d'une quarantaine de minutes, pour lequel, il se documenta « sérieusement ». Ses questions furent en effet, « sérieuses ». Michel Ragon a 91 ans. Les questions de Bernard Blistène étaient parfois trop « sérieuses », pour un homme audacieux et courageux, mais, comme nous tous un jour, affaibli par l'irrémédiable œuvre du temps. J'en ai connu des équipages, déclara t'il, dans un de ces nombreux ouvrages biographiques. Le film de Bernard Blistène est excellent. Il a le mérite incontestable de nous livrer un Michel Ragon apaisé, serein, dans son appartement parisien, tout près du Grand Rex. La vie serait-elle un vaste cinéma, où, nous serions des acteurs de passage, défenseurs de textes contestables, puisque partisans ? Combattre le silence infligé au progrès dans l'actualité, et l'oubli des plus téméraires face aux pouvoirs et aux institutions négligentes, telles furent les objectifs permanents de Michel Ragon. Soyons pondérés. Il ne faut fâcher personne. Les amis de Michel Ragon étaient venus nombreux dans cette salle dédiée à son action, au cœur du nouvel accrochage des collections du musée national d'art moderne. Nous vîmes paraître Jean-Pierre Raynaud, à propos duquel, nous avons réalisé un film avec Michel Ragon. Andrée Doucet, épouse de Jacques Doucet, le Cobra français, rendit hommage au compagnonnage de Michel Ragon né dans une actualité encore dramatique. En 1947, lorsque Michel Ragon s'installa dans la Capitale, la suspicion régnait toujours dans les esprits. L'Art n'était pas la priorité. Oui, le mardi 23 juin 2015 demeurera une date décisive, pour tous ceux, qui respectent l'engagement de Michel Ragon autour de ses amis : Pierre Soulages, James Guitet, Gérard Schneider, Jean Atlan, Jean Dubuffet, Gaston Chaissac, Jacques Doucet, Hans Hartung, Zao Wou Ki, Emile Gilioli, Marta Pan, Nicolas Schöffer, Takis, Huguette-Arthur Bertrand, Etienne-Martin, Jean Dewasne, Bernar Venet, Corneille, Alain Bourbonnais, etc. Observateur autant qu'acteur, Michel Ragon écrivit à propos de cette période : «  En vingt-cinq ans, nous aurons vu triompher l'abstraction, puis, contre toute attente, ressurgir l'anecdote, le culte de l'objet. Puis, retriompher mondialement un art abstrait revivifié par la technologie, et l'idée de démocratisation de l'art. » « Vingt-Cinq ans d'Art Vivant », ouvrage dédié à son épouse Françoise, rencontra auprès du large public des arts plastiques, une profonde adhésion. Il suscita de nombreuses vocations. Michel Ragon fit aussi le voyage vers les Etats-Unis, où, il s'entretint avec Robert Motherwell et James Rosenquist. Animé par la volonté de lui rendre la place qu'il mérite dans l'Institution, Bernard Blistène affirma l'influence de Michel Ragon parmi les nouvelles générations. Christian Briend, commissaire, à Lyon, de la mémorable exposition Albert Gleizes, aujourd'hui, ici, conservateur en chef des arts graphiques, était présent. Je tiens à remercier Bernard Blistène, sorte de Richelieu de l'art contemporain, de sa lucidité et de sa détermination. Michel Ragon trouve enfin la place qui lui revenait aux côtés des plus vigilants critiques d'art, comme Apollinaire, et mon ami, Pierre Restany, fondateur du Nouveau Réalisme qui rédigea son manifeste, avec un sens de la stratégie qui firent sa reconnaissance planétaire. La soirée avançait. Bernard Blistène remercia tous ceux qui avaient réalisé des films avec Michel Ragon, puis, il annonça que nous étions la veille de son anniversaire. Alors, on chanta en son honneur. Au Centre Pompidou, en présence de son président, Serge Lasvignes, une page s'est ouverte sur plus de cinquante ans d'art vivant... Silencieux, Michel Ragon souriait. Je pensais à sa jubilation intérieure, face au destin humain, et, à cette phrase qu'il me confia, il y a quelques années, et, devenue une formule efficace : « Surtout, ne pas mourir... »