Morestel la Maison Ravier rend hommage à la peinture lyonnaise

Jeudi, 19 Mai, 2022 - 10:04

Face à la défection de la ville de Lyon…

Michel Bosse Plâtière devant des peintures d’Etienne Morillon (à gauche) et Adrien Bas

Lyonnais, Lyonnaises, les animateurs de la Maison Ravier vous offrent une fabuleuse occasion de perfectionner vos connaissances, à propos de l’histoire de la peinture lyonnaise. Rien ne manque. A l’origine, il y a une passion, celle d’un marchand de vin, Michel Bosse-Plâtière. Marchand de vin doit convenir à l’amour des arts et de la peinture puisque on retrouvait le même engouement chez Jean Dubuffet. La peinture lyonnaise, puisqu’il s’agit de la mettre en valeur était depuis trop longtemps dans la marge, à la limite de l’oubli. Surtout, mis à part  Henri Focillon et René Jullian les nombreux artistes de haute qualité présentés ici semblaient ne pas mériter une reconnaissance officielle. Nous étions dans un désert où seul des êtres déterminés comme Henri Béraud, prix Goncourt et René Deroudille, parvenaient à trouver le soutien des journaux pour défendre tous ces créateurs abandonnés par le regard des curieux. Pourtant un miracle survint. Un homme, Michel Bosse-Platière longtemps éloigné de l’univers artistique par sa profession découvrit un jour ces peintres et sculpteurs que j’avais contribué à unir dans des livres comme l’Histoire des Arts plastiques à Lyon au XXe siècle, Les Ziniars, les Nouveaux etc. Quelle impudence permit aux divers conservateurs de musée qui se succédèrent à Lyon d’ignorer tous ces courants artistiques qui méritent pourtant la meilleure des places à Lyon, mais aussi à Paris et dans le monde entier. La Maison Ravier joue désormais dans cet univers un rôle prépondérant surtout lorsqu’elle puise dans les trésors rassemblés avec soin par Michel Bosse-Plâtière, comme les œuvres de Marie-Louise Cordier, Joannès Durand pionnier de la modernité, Jules Flandrin, Alice Kohn, Jean-Albert Carlotti et son portrait de jeune femme inspiré par Paul Gauguin, Pierre Pelloux et son langoureux déjeuner sur l’herbe, René Chancrin, René Dumas, Jean Couty évocateur de la grâce d’une petite fille en veste rose sur une jupe à carreaux, René-Maria Burlet, Camile Niogret magnifiquement présent avec trois toiles dont l’accrochage lui aurait apporté de vrais motifs de satisfaction, lui si proche du devenir de son œuvre, Paul Régny dont le talent apparaît avec précision, En attendant la troisième exposition : 1950-1990 en clôture du triptyque, qui commencera à partir du 23 juillet jusqu’au 13 novembre 2022, où on verra Micheline Colin, André Cottavoz, Jean Fusaro, André Lauran, Pierre Palué, Antoine Sanner, Pierre Doye, Georges Adilon, Myriam Bros si dévouée à la reconnaissance des artistes notamment réunis au salon du Sud-Est dont elle fut présidente, Alfred Manessier, Pierre Montheillet, Jean Batail, Marie-Thèrèse Bourrat, Alice Gaillard, Cricor Garabetian, René Munch, dont l’esprit toujours très vif nous manque, Louis Renardat-Fache, Henri Ughetto, Michèle Van Cothem, etc. Nos remerciements vont encore à Bernard Deviller président de l’Amra, à Frédéric Vial maire de Morestel et encore une fois à Nathalie Lebrun-Lamberton, responsable de la Maison Ravier commissaire des expositions qui fait avec une intelligence inspirée appel aux connaissances réelles du collectionneur Michel Bosse-Plâtière, qui en quelques décennies a sélectionné des œuvres illustrant toutes les périodes de la fin du XIXe, Ziniars, les Nouveaux, le Groupe Témoignage de Lyon, etc, jusqu’aux années 1990. Je vous recommande de faire ce déplacement pour voir la Nature morte à la bouteille d’Emile Didier, le portrait de jeune femme de Carlotti, la présence délicate de Jean Couty et de René-Maria Burlet. Nous attirons votre attention sur les œuvres de Daniel Gloria, Andrée Le Coultre, Jean Bertholle, Claude Idoux et le merveilleux Louis Thomas qui fut aussi architecte, compagnon de Tony Garnier. Je vous souhaite de découvrir les toiles de Charlotte Henschel dont mon ami Jean Bertholle me parlait avec passion à chacune de nos rencontres dans son appartement de la rue Sainte-Anne à Paris. Les amateurs d’érotisme pictural se réjouiront de la présence féminine de Jacqueline endormie, une toile d’Albert André, harmonieusement construite dans des tonalités pastellisées. Prévoyez la visite de cette exposition en famille ou entre amis. Exposition Trésors d’une collection privée : 1920-1940, jusqu’au 14 juillet 2022. Tous les jours sauf le lundi et le mardi de 14h00 à 18h00. Maison Ravier. 302 rue Auguste Ravier. Morestel. Alain Vollerin, critique et historien d’art, membre de l’AICA.