Pierre Mérindol, l'un des derniers grands reporters français, vient de mourir à Lyon...

Dimanche, 11 Août, 2013 - 16:50

Une haute conception du métier de journaliste disparaît avec lui...

Après Bernard Frangin, la mort de Pierre Mérindol correspond à la fin d'une école de grands reporters, où s'illustrèrent, les Kessel, les Lartéguy, et à Lyon : Marcel Rivière, Pierre Mérindol, etc. Pierre Mérindol était né près de Valence, comme son ami, le peintre Pierre Charbonnier. Né Gaston Didier, Pierre Mérindol signait du nom de son village. Il vécut à Paris, où avec son ami Robert Giraud, auteur du célèbre « Vin des rues », et compagnon d'aventures à la Léon-Paul Fargue du photographe Robert Doisneau, il s'installait le dimanche, au marché aux puces de la rue Mouffetard, où il avait pour clients le sculpteur Etienne-Martin, et le peintre et illustrateur de presse, Jean-Albert Carlotti. Un jour, il fit la une des journaux parisiens en provoquant en duel, un bonapartiste germanopratin, au sabre, en forêt de Sénart. Pierre Mérindol fit aussi connaissance de Pierre Loeb, alors marchand de tableaux très influent, pour lequel, il anima quelques temps, la galerie « Pierre ». De retour à Lyon, il participa après la guerre, à la vaste et admirable aventure du journal Le Progrès, alors administré, dans ce qui fut ses heures de gloire, par la famille Brémond. Le Progrès était alors une famille unie. Pierre Mérindol exerça-là son métier, de façon méthodique et scrupuleuse. Il fut, comme son confrère Bernard Frangin, envoyé aux Etats-Unis, avant et après l'attentat contre le Président John Kennedy. Dans ces années-là, Pierre Mérindol parcourait le monde, et publiait d'abondants papiers, déjà porteurs, d'un style assez polémique. Ce sens de l'investigation, il le mit au service de l'écriture de livres ,« brûlots », qui firent trembler certains des acteurs de la vie lyonnaise, et lui attachèrent définitivement l'admiration des nombreux lecteurs du Progrès, public indéfectible de Pierre Mérindol. Ces deux livres les plus courageux furent : « Lyon,le sang et l'argent » et, « Lyon, le sang et l'encre ». Pierre Mérindol avait eu le courage de dire ce qui était caché, à Lyon la secrète. Il fit craindre le pire à beaucoup. On venait le consulter. Son opinion comptait. Il suivit, et publia un ouvrage, sur le procès de l'ignoble Klaus Barbie. Au sommet de sa célébrité, Pierre Mérindol profitait de la vie, avec parfois quelques excès. Je fis un film biographique, où on voyait Pierre Mérindol jouant au « Multicolor » qui est une sorte de roulette nantie d'une boule en ivoire, ou, participant à une partie de chasse au canard, dans les étangs de la Dombe, près de Saint-Marcel. A 87 ans, Pierre Mérindol est parti en laissant l'exemple d'un journaliste libre, et toujours, pendant ses longues années d'activité, en quête de pistes inusitées. Je me souviens de ses échanges, avec les reporters qui lui avaient succédé au Progrès, au moment de l'atroce affaire Grégory. Nous étions au restaurant « Chez Chris », une ancienne miss France, où se réunissait toute une population proche du monde de la presse. Pierre Mérindol était écouté, et regardé, comme un exemple, par ses jeunes confrères. Nos sincères condoléances vont en ses heures douloureuses, à son épouse, à sa fille, à toute sa famille, et à tous ses amis...