Pol Bury à l’Espace Paul Rebeyrolle

Lundi, 4 Juin, 2012 - 19:02

Une occasion de redécouvrir Pol Bury, un pur génie de la sculpture au XXe…

Le commissaire de cette exposition est Jean-Louis Prat qui dirigea la Galerie Maeght. J’ai bien connu Pol Bury, à propos duquel, j'ai réalisé deux films en 1995, dans sa maison- atelier de Perdreauville. De tous les artistes que j’ai rencontrés, il compte parmi ceux qui m’ont le plus intéressé. J’étais fasciné par sa proximité avec certains pères du Surréalisme belge, par son amitié avec Christian Dotremont, par son compagnonnage avec Cobra, par sa participation aux premières expositions sur le Mouvement chez Denise René, etc. Pol Bury, après Calder qu’il admirait, avait donné vie à la sculpture. Comment ne pas être émerveillé devant ses tableaux érectiles, ses ponctuations, son usage de cubes, de carrés, de sphères ? Rappelons-nous que Pol Bury exposa en 1964 dans le pavillon belge de la Biennale de Venise, et pendant la Documenta III à Kassel. Il sera le pionnier de la Cinétisation. A l’heure des expositions conceptuelles, Pol Bury apporta sa riposte en posant « Vingt-cinq tonnes de colonnes », en 1973, dans les locaux des usines Renault. A l’origine de l’œuvre de Pol Bury, il y a souvent une remise en cause de l’équilibre du monde par son pouvoir de dérision, son humour sans concession aux limites de l’Extrême. Il avait fondé avec son grand ami André Balthazar, la revue le Daily-Bull en 1957. Dans un autre de mes films, Claude Viallat déclarait : «  l’Art, le vrai doit être modificateur… » Je crois que toutes les créations de Pol Bury transforment notre idée de la sculpture, de l’art. Il en sera de même pour les nouvelles générations, voici pourquoi ce type d’expositions est indispensable. L’art de Pol Bury, qui fut professeur à l’école des Beaux-Arts de Paris, entre 1983 et 1987, est aussi celui des Fontaines, comme celles du Palais Royal. J’ai eu la chance, toujours à Perdreauville, de filmer son assistant pendant qu’il réalisait une de ces fontaines, où l’eau joue avec le temps pour provoquer des mouvements. En pensant à Pol Bury, sept ans après sa mort en 2005 ( la même année que Paul Rebeyrolle ), je conserve le souvenir d’un homme intérieurement traversé en permanence par d’innombrables idées, mais qui gardait le silence, une impassibilité infinie placée sous la garde d’une vigilance, sans aucune faille. Pol Bury-le Mouvement ralenti. Jusqu’au 30 Novembre 2012. Espace Paul Rebeyrolle à Eymoutiers. www.espace-rebeyrolle.com