Me Etienne de Baecque disperse la collection Miguet...

Vendredi, 2 Juin, 2017 - 12:02

Pas vous Margot ?...

Le spectacle est là, et pourtant, il ne suffit pas d'en rire…

Les ventes aux enchères sont devenues un véritable spectacle, celui de la mise à mort de la cote des artistes, des galeristes et des critiques d'art. Elles sont une négation absolue du travail de générations de personnalités lyonnaises, comme René Deroudille (critique d'art), Anne-Marie Martin (galerie Malaval), Denise Mermillon (galerie Saint-Georges), Jean-Jacques Lerrant (journaliste au Progrès), Jacques Verrière (galerie Verrière), Paul Mouradian (galerie Le Pantographe), Nelly Gabriel (journaliste), Janine Bressy (galerie l'Oeil écoute), André Mure (Lyon Matin), Colette Kowalski (galerie K), l'Ollave (Jean de Breyne), Anne-Marie Moulin (Galerie Bellecour), etc. Que dire des Salons dont les protagonistes valeureux sont fondus dans le même dédain ? Les commissaires-priseurs bradent ces années d'engagement, d'efforts, de luttes exercées par des idéalistes, des êtres désintéressés, pour lesquels, l'argent n'était pas la première des valeurs, ce qui est à l'opposé des convictions de Me Etienne De Baecque. Pour ces défenseurs des artistes, l'œuvre comptait avant tout. Tout est bon pour attirer le chaland. Ici, Damien Voutay, ailleurs, Olivier Houg jouent le vilain rôle d'accréditateur. Olivier Houg ne sait pas grand chose. Oublions-le. Mais, Damien Voutay est beaucoup plus dangereux pour les intérêts de l'Ecole lyonnaise, qui existe bel et bien, au moins, depuis 1807, année de réouverture de l'Ecole des beaux-arts de Lyon, par la volonté de Napoléon 1er. Un peu de connaissance de notre histoire serait utile à Me Etienne de Baecque. Il s'en fiche. Il se réfugie derrière la pseudo compétence de son expert, Damien Voutay qui a pillé les livres référents, pour les transformer en fiches commerciales, seulement utiles pour flatter ce qui devient « le produit » de leurs ventes. Me Etienne de Baecque serait sympathique, s'il n'était aussi attaché à l'argent, au montant de ses ventes. Du chiffre ! Il faut du chiffre ! Il faut avoir assisté à l'une d'entre elles. Quel cinéma ! Me Etienne de Baecque est un acteur que peuvent envier la majorité des artistes du festival de Cannes. Très élégant, il se met en scène. Il prend des poses. Il joue de son marteau d'ivoire qui fait des cabrioles. Nous, on préfèrerait que ce marteau virevoltant s'abaisse un peu plus souvent. Me Etienne de Baecque parfois, oublie d'adjuger. C'est long. La dernière vente, le jeudi 1er Juin 2017, destinée à l'adjudication d'une partie de la collection du Dr Jacques Miguet, commença vers dix-huit heures, pour s'achever aux environs de 22h 30. Vous rendez-vous compte : 4 heures et 30 minutes. Il en faut de la patience ! Mais, pourquoi sommes-nous ainsi pris en otage par Me Etienne de Baecque ? Oui, pourquoi ? Pour que Me Etienne de Baecque, qui n'est pas lyonnais, puisse grapiller 20 euros par ci, 50 euros par là... Et, faire du chiffre ! Autour de lui, une dizaine d'employés s'affairent au téléphone, et sur Internet. On entend des supplications du commissaire-priseur. Pas vous Margot ? Pas vous Margot ? Pauvre Margot ! Elle qui porte, si joliment, ce prénom illustré par Georges Brassens. Sans regret, dit encore le priseur dans un ultime rictus. Les angoisses de Me Etienne de Baecque serait réduites, s'il n'inversait pas la bonne pratique qui voudrait que les enchères démarrent d'un prix de réserve plus élevé. Un exemple ? Dans cette vente, il y avait une toile de Jean Couty. Une Venise. Un sujet recherché par les amateurs. Pourquoi, commencer à 4000€ ? Alors que le musée Jean Couty vient d'être inauguré devant plus de 1200 admirateurs. Pourquoi ? Il s'est vendu à 5300€. Il valorise désormais, la collection du Musée Jean Couty. Tant mieux. Mais, si la vente avait débuté à 5000€, le prix serait probablement monté à 7000, ou 8000€. La cote eut été soutenue. Autrement, elle est dévaluée. Et, voici ce que je reproche aux ventes de Me Etienne de Baecque, et des autres priseurs. Par peur de ne pas vendre, de ne pas atteindre le sacro-saint « Chiffre », il brade les œuvres de nos meilleurs artistes. Hier, furent dispersées une trentaine de pièces de Jacques Truphémus. A Paris, la moindre œuvre de Jacques Truphémus atteint 25 000 euros. Deux seulement furent vendues, par Etienne de Baecque, à un prix équilibré : le café de la place Clotilde Bizolon (13 000€), et, le Café Bellecour (15 000€). Tous les prix cités ici, sont sans les frais de vente. La dispersion de la collection du Dr Miguet eut pour nous des intérêts, non pas financiers, mais culturels. J'ai découvert des dessins figuratifs de Georges Adilon et d'Henri Castella. La preuve qu'ils ne furent pas toujours abstraits. J'ai aussi admiré un artiste que j'ignorais : Contant Rey-Millet (1905-1959). L'esprit du Dr Miguet était aussi alerté par les sculptures naïves et paysannes d'André Poirson. Le Dr Miguet collectionnait des œuvres rares, comme ce masque d'Henri Ughetto, ou, les toiles de Louis Renardat-Fache. Dans la salle, il y avait Michel Rivoire, vice-président de la Fondation Renaud, au Fort de Vaise, qui eut la malencontreuse idée de mettre en vente aux enchères (décidément, c'est une dangereuse manie) des œuvres naïvement déposées par des artistes, comme Thérèse Contestin et Simone Gambus, dont les compositions remarquables étaient très présentes dans la collection du Dr Miguet. Certaines autres ventes furent très déprimantes : Eric Schmid (150€), Henri Castella (1200€), André Cottavoz (1000€), Paul Philibert-Charrin (550€), un grand format de Bernard Lorjou (3000€ probablement retiré), Louis Thomas (1300€), Robert Pernin (380€), Eugène Brouillard (1700€), Emile Didier (500€), Pierre Combet-Descombes (100€) un magnifique bouquet, Maurice Ferréol (900€), Joannès Veimberg (900€), etc. Les toiles d'Henri Lachièze-Rey poursuivent une trajectoire de mythe sanziste, l'une d'entre elles fit 12 800€. Dans l'ensemble, cette vente fut un désastre pour ceux qui estiment la peinture, et les artistes, et, pas seulement le son des picaillons, et, un triste hommage à la fabuleuse action du Dr Miguet. Plutôt que de râler contre cet article, Me Etienne de Baecque devrait me remercier. Peut-être, qu'au terme de sa carrière, hélas dévastatrice de notre patrimoine, il ne subsistera rien d'autre de lui, que ces quelques lignes, dans les archives de notre mémoire collective.