La Mère Léa. Bouchon contemporain

Samedi, 15 Juin, 2024 - 16:19

La belle cuisine des mères lyonnaises interprétée par le chef Christian Têtedoie

Jean Fusaro et Christian Morel

 Art et gastronomie ont toujours fait bon ménage, la présence chez La Mère Léa de Jean Fusaro, grand peintre et gourmet en est la preuve. Ce jour-là il s'est régalé avec la formule trois plats : un œuf parfait sauce Saint-Marcellin, un filet de daurade et un baba au rhum maison. Les autres convives cédèrent à l'envie du parfait glacé à la Chartreuse verte. Un must. Le choix du vin échut à l'artiste amateur et connaisseur. La carte des vins de grande qualité lui inspira la sélection spontanée pour nos agapes d'un Graves qui emporta l'adhésion de tous les convives et compléta à merveille cet heureux déjeuner. Chez La Mère Léa tout est frais du jour et le renouvellement des menus est saisonnier. A cette date parmi leurs propositions tentatrices figuraient la joue de porc braisée à la bière "La Canute lyonnaise", la quenelle lyonnaise de brochet maison, le pâté croûte de veau, volaille et cochon aux pistaches, le filet de cabillaud rôti, les pommes de ris de veau forestière à la crème.

Quand on entre Chez La Mère Léa, 11 quai des Célestins, on est immédiatement séduit par la luminosité naturelle. La baie offre une vue de premier ordre. Depuis notre table placée au premier étage, l'attention de Jean Fusaro se porta à la fenêtre. Son œil aguerri capta tout de suite l'intérêt de l'assemblage du quai de Saône, du pont Bonaparte et surtout d'une juxtaposition exceptionnelle, la blanche Fourvière surplombant le chevet de la cathédrale Saint-Jean.

Deux amis sont à l'origine de ce restaurant. Christian Morel grand superviseur et Christian Têtedoie, Meilleur Ouvrier de France, chef étoilé depuis 2000 pour son restaurant gastronomique à l'Antiquaille sur les hauteurs de la colline de Fourvière. Nappage de table et serviettes en tissu donnent le ton de l'exigence de la maison. L'esthétique des salles est d'une élégante simplicité. On devine la distinction de "l'esthète bienveillant" Christian Morel. Le service tout féminin couronné d'un sourire gracieux communicatif est impeccable.

Menu du jour servi le midi du mardi au vendredi hors jours fériés : Entrée Plat ou Plat-Dessert 19€. Entrée, plat et dessert 24€. Midi et soir : Menu Bellecour 42€. Menu Fourvière 52€ pour lequel on peut citer l'irrésistible gigot d'agneau de 7h façon Léa Bidaut accompagné d'un délice de macaronis en gratin. Menu des gones jusqu'à 12 ans 16€.
Du mardi au samedi au déjeuner de 12h à 14h et au dîner de 19h à 21h30. Il est prudent de réserver. Privatisation possible. La Mère Léa. 11 Quai des Célestins. Lyon 2e. 04 78 42 01 33. Consultez lamerelea.com

La Mère Léa c'est aussi deux lieux, deux cuisines différentes. Vous pouvez aussi vous régaler au Comptoir de Léa mitoyen, un bouchon traditionnel accolé à la Voûte, ouvert en 1943 par Léa Bidaut. Convions l'histoire : elle est née en Bourgogne, au Creusot, et a commencé sa carrière en 1927. En 1943 elle fit l'acquisition d'un petit bistrot à cette emplacement même, 11 place Antonin Gourju. Léa Bidaut a marqué l’histoire de la cuisine lyonnaise par son caractère bien trempé caractéristique des mères lyonnaises, mais surtout par sa manière unique de cuisiner le tablier de sapeur, le gratin de macaronis, le "canard au sang" et son fameux gigot d’agneau enduit pendant 24 heures d’un mélange de moutarde forte, de filets d’anchois écrasés, de sauge, basilic, romarin et ail pilé, avant d’être rôti au four avec adjonction progressive de champagne. Le goût incomparable de sa cuisine lui permit d’obtenir une étoile au guide Michelin. La Mère Léa cessa d’exercer en 1981. Le Comptoir de Léa. 11 place Antonin Gorju. Lyon 2e 04 78 42 03 13 mardi au samedi. 12h-14h / 19h – 21h30.

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com