Certains cœurs lâchent pour trois fois rien / Flammarion

Vendredi, 2 Avril, 2021 - 12:02

Confessions intimes de Gilles Paris

Gilles Paris travaille dans l’édition depuis trente-cinq ans. Il est l’auteur de huit livres remarqués, d’une grande sensibilité, que  nous vous conseillons chaleureusement. Ils vont tous droit au cœur. Son best-seller qui l’a révélé, « Autobiographie d’une courgette » fit l’objet d’un film césarisé en 2016. « Certains cœurs lâchent pour trois fois rien », ce sont les mots du médecin au réveil de sa dernière tentative de suicide. Gilles Paris en a connu huit. Le livre débute très fort par la lettre qu’il adresse à son père. Une lettre pas envoyée, puisque son père au seuil de sa vie était atteint de la maladie d’Alzheimer. Peu importe, cette lettre mit un terme à la douleur. La détresse de Gilles Paris remonte à l’adolescence, où tout a commencé avec le divorce de ses parents et la violence de son père. Des coups jusqu’à un paroxysme insoutenable et des paroles qui tuent : « Tu es une merde, tu ne feras jamais rien de ta vie ». Sa première dépression fut la pire de toutes car il ne savait pas alors ce qui lui arrivait. Par la suite de cliniques spécialisées en hôpitaux psychiatriques, il va apprendre que les dépressions ne se ressemblent pas, bien qu’il y ait un fil commun. A chaque fois Gilles Paris s’est relevé. L’analyse permet de comprendre les choses pour pouvoir pardonner. On admire la force de caractère de Gilles Paris, en partie enrichie de sa profonde empathie. « J’ai toujours été dur avec moi-même. C’est sans doute ce qui m’a sauvé » écrit-il, lui qui ne s’épargne pas dans ce livre magnifique. Cette lettre au père qui a contribué à sa guérison, pourquoi ne pas l’avoir écrite avant ? Une réconciliation bénéfique avec lui-même aurait pu être accomplie plus tôt. Non, Il fallait un mûrissement. Chaque chose vient en son temps. Le traumatisme qui s’étire en une large tache sombre jusqu’au dégoût de soi, qui porte à réprimer la douleur en se faisant violence, il en faut du temps, des défaites et des victoires pour vaincre la « bête ». La providence y pourvoit parfois momentanément mais c’est le pardon qui répare. C’est la façon de voir les choses autrement qui a sauvé Gilles Paris. En considérant les événements sous un autre angle. Pourquoi ce père a-t-il été si monstrueux ? Qu’est-ce qui l’a construit ainsi ? La faute, ce n’est pas celle de son fils, c’est celle du début de sa propre existence. Un témoignage souvent déchirant. Une rédemption lumineuse conseillée à tous les cœurs en souffrance. A lire absolument. Broché. Format : 13 x 20 cm. 224 p. 19€. Paule Martigny