L’oiseau bleu d’Erzeroum / Albin Michel

Mardi, 13 Avril, 2021 - 10:36

L’envol d’une diaspora exemplaire

Le destin tragique et sublime de deux petites filles rescapées du génocide arménien. Après la trilogie nord-américaine chez Hugo.Thriller : « Hunter » (2018), « Crow » (2019), « Freeman » (2020), et un puissant roman noir « Manhattan Sunset » (Hugo.Thriller, 2021), voici « L’oiseau bleu d’Erzeroum ». On peut se poser la question : mais comment fait l’auteur pour produire en si peu de temps des romans aussi denses ? On pourrait répondre : parce qu’il sont trois. Mais en fait, non, c’est une blague, car Ian Manook ou Roy Braveman sont les pseudonymes de Patrick Manoukian, journaliste, éditeur, écrivain, bourlingueur, et patron d’une société de communication. Le présent roman est le plus personnel, le plus intime de Ian Manook. Tragique, déchirant et lumineux. C’est l’histoire romancée de ses grands-parents à partir du récit de sa grand-mère, qu’elle « n’a jamais pu achever, tant l’horreur de ce qu’elle avait vécu finissait par l’étrangler de sanglots ». En sa mémoire, Patrick Manoukian alias Ian Manook, décrit la déportation d’Araxie qui dura six mois. Ces massacres d’une cruauté insoutenable, peu en réchappèrent. Le roman est construit à partir de la biographie familiale à laquelle s’additionne le fruit des témoignages d’Arméniens et Arméniennes que l’auteur a connus dans son enfance. Il a choisi de garder les mots de sa grand-mère « les sons et la musique de sa voix dont elle a bercé mon enfance ». Comme il a eu raison. Le récit en est enrichi. En 1915, non loin d'Erzeroum, en Arménie turque. Araxie, dix ans, et sa petite sœur Haïganouch, six ans, devenue aveugle sous les coups, échappent par miracle à la razzia de cavaliers Turcs. Leur mère est massacrée sous leurs yeux. Elles trouvent refuge chez leur oncle, mais la famille est rapidement déportée vers le grand désert de Deir-ez-Zor, tous condamnés à une mort inéluctable. Seules les deux fillettes survivront grâce à une vieille arménienne et à un officier qui les épargnera. Elles sont ensuite achetées comme esclaves par un médecin qui les met au service de sa fille sur le point d’être mariée, un mariage arrangé de longue date. La vie dans la nouvelle famille de leur maîtresse qui devient leur amie, est tourmentée. Les deux sœurs vont être séparées. Une grande douleur. Ian Manook suit le destin des trois jeunes femmes, l’ex-maîtresse turque et les deux sœurs arméniennes, ainsi que celle d’autres rescapés. A lire absolument. Broché. Format : 15 x 22 cm. 544 p. 21,90€. Paule Martigny