Le Collectionneur / Slatkine & Cie

Samedi, 17 Novembre, 2018 - 08:50

Glaçant…

Fiona Cummins met la maladie de l'homme de pierre (fibrodysplasie ossifiante progressive) au centre de son roman. C'est une apparition d'un second squelette qui pousse et fait du corps une prison d'os, pour lequel il n'existe aucun traitement. Le collectionneur est à la recherche d'un squellette insolite pour compléter son musée, celui d'une rareté médicale. Il est issu d'une longue lignée de naturalistes. Son grand ancêtre, John Hunter, au XVIIIe siècle, était le chirurgien du roi George à Londres. Il pratiquait des autopsies et collectait des « saloperies bizarres » dont il fit don au musée d'histoire naturelle. Il exerça une grande influence à son époque. Le collectionneur, comme son père qui l'a formé, a dévié. Il ne travaille plus qu'avec les morts dont on suit un trafic odieux, les vivants aussi l'intéressent s'ils ont une particularité. Il est obnubilé par un devoir de prolongation, et vit son héritage comme un privilège. Ses proies : des enfants, puisque la durée de vie est réduite avec cette maladie. Ses petites victimes vont associer son image à celle de Bloody Bones, le croque-mitaine. Le roman bien construit, aborde aussi le drame de l'enlèvement d'un enfant. Deux familles explosent, une histoire dans l'histoire. On vit avec effroi la double douleur des enfants, celle de leur souffrance corporelle et de leur solitude, puis, celle de leur enlèvement. Le mental du collectionneur est aussi bien traité que dans « Seven » ou « Le Silence des agneaux ». Un roman noir réussi. Traduit de l'anglais par Jean Esch. Broché. Format : 15,6 x 23 cm. 508 p. 20,90€. Paule Martigny