Le Metropol / Editions Chambon

Lundi, 30 Août, 2021 - 08:56

Au début des purges staliniennes…

A partir de quelques souvenirs de sa grand-mère et de son accès « autorisé » aux archives russes, Eugen Ruge compose un récit entre histoire familiale et roman historique. Trois éléments lui reviennent à l’esprit. Il avait huit ans pour la Saint Sylvestre, en Allemagne, avec sa mère russe et son père qui avait vécu vingt-cinq ans en Union soviétique. Ils trinquaient au champagne russe. Ses grands–parents Charlotte et Wiilhem pensaient-ils à ce moment à leurs camarades assassinés après la liquidation de l’OMS ? Plus tard à la mort de Wilhem, Charlotte a quatre-vingt-cinq ans et raconte. Le troisième souvenir est une lettre que sa grand-mère a écrite à son père Wolfang Ruge. A partir de ces réminiscences, Eugen Ruge a travaillé à la reconstitution des circonstances de cette tranche de vie tragique. Il recrée le Moscou du début des purges staliniennes en1936. L’hôtel Metropol, ce fabuleux palace, Art nouveau est devenu le QJ d’une justice expéditive. Vassili Vassilievitch Ulrich qui a dirigé les exécutions pendant la révolte de Tambov, vit dans une suite du deuxième étage. Il a été nommé juge à la Cour suprême de l’Union soviétique. Pendant la Grande Terreur, il a signé plus de 30 000 condamnations à mort et vraisemblablement celles des collaborateurs de l’OMS. La plupart des verdicts prononcés sans procès publics. A l’époque sa grand-mère Charlotte échappe aux persécutions nazies. Elle part avec son mari et d’autres camarades. Ils vont travailler pour le service de renseignements du Komintern, avec d'autres communistes de tous les pays. Cette jeune allemande devenue communiste par amour découvre rapidement que la réalité est à l’opposé de son idéal. L’Union soviétique considérée comme un modèle de société pratique un système répressif terrifiant. Avec Hans (Wilhem), ils sont consignés et vont passer quatre cent soixante-dix-sept jours à attendre dans leur chambre à l’hôtel Metropol, incertains de leur sort. Eugen Ruge, né dans l'Oural en 1954, a reçu le Deutscher Buchpreis, la distinction la plus prestigieuse d'Allemagne pour son premier roman "Quand la lumière décline". Après "Le Chien andalou", "Le Metropol est son troisième roman. Avec un glossaire. Traduit de l’allemand par Jacqueline Chambon. Broché. Format : 14 x 22 cm. 352 p. 22,80€. Paule Martigny. Mémoire des Arts