Le pavillon des oiseaux / Albin Michel

Mardi, 12 Septembre, 2023 - 13:03

L’amour et la politique sont-ils compatibles ?

Sur fond de complots et d’ambitions entre grandes familles dans le crépuscule d’une Rome renaissante, Clélia Renucci a bâti son roman autour d’une femme à l’esprit libre, objet de convoitise et pion de la politique. C’est le troisième roman de Clélia Renucci, doctorante en littérature française et professeur de lettres modernes. Son premier livre Concours pour le paradis (Albin Michel, 2018), fut lauréat de plusieurs prix, dont le prix du Premier roman.

Sur les hauteurs de la colline du Pincio à Rome, dans un petit studiolo niché dans les jardins de la Villa Médicis, le cardinal Ferdinando de Médicis fait peindre à fresco une volière enchanteresse par Jacopo Zucchi. Il abrite ses amours secrètes avec la jeune Clélia Farnèse, qui d’adolescente amoureuse de son mari se mue en maîtresse avertie. Les parois de ce pavillon privé resplendissent de plantes exotiques, d’oiseaux rares, de nymphes et de grotesques. Ferdinando apprend à Clélia que les jardins de la Villa Médicis sont chargés d’histoire où la souffrance et la volupté voisinèrent entre punitions mythologiques, punitions réelles et plaisirs amoureux. Dans cet environnement chargé émotionnellement, retenons la citation de La Fontaine choisie en exergue par Clélia Renucci : "Nous ne croyons le mal que quand il est venu". C’est tout le sens de ce roman inspiré de faits réels.

A Rome, dans les années 1570, Clélia fille illégitime de l’autoritaire cardinal Alessandro Farnèse est mariée au duc Cesarini. Célébrée pour sa beauté et son esprit, elle est considérée comme la Reine de Rome et incarne pour les envieux la grandeur et la décadence de son époque. Tandis que Ferdinando de Médicis devient son amant, son mari engloutit la fortune familiale dans le jeu et la débauche, la laissant mener leurs affaires. Portée aux nues avant d'être jetée en pâture, elle va payer au prix fort son désir de liberté et d'indépendance, sa soif d'art et de culture. Les people s’enflamment, les fake-news circulent, les espions se repaissent. Clélia ne prit hélas pas la mesure de ce conseil : "Une Farnèse ne peut être seulement la coqueluche de Rome, elle se doit de se détourner de cet engouement". Lecture conseillée en cette rentrée littéraire.

Broché sous jaquette. Format : 14,2 x 20,6 cm. 288 p. 20,90€. Paule Martigny - Mémoire des Arts.