Leçon de rouge / Actes noirs – Actes Sud

Vendredi, 10 Février, 2023 - 11:09

Les espoirs et les enthousiasmes juvéniles souvent victimes du pouvoir

Après son précédent thriller paru en France "Le Musée des femmes assassinées" (Actes Sud, 2021 et en version poche Babel noir, 2023), Maria Hummel poursuit sous forme de thriller, la remise en question par l’art, de la consommation du corps féminin. Nous sommes à Los Angeles, dans les hautes sphères du monde de l'art contemporain, toujours en relation avec le Rocque Museum. Maggie Richter ex-journaliste et jeune secrétaire d’édition au musée, en arrêt maladie depuis l’affaire Kim Lord ("Le Musée des femmes assassinées") est de nouveau sollicitée. Infiltrée comme assistante galeriste, elle est embauchée par la Westin Gallery où les étudiants du directeur de LAAC, l’école d’art la plus prestigieuse des Etats-Unis préparent la prochaine exposition de leur "gourou", une installation gigantesque "La cathédrale de chaussures". "Le LAAC c’est une cocotte-minute, un incubateur, et une chrysalide", tout est connecté, école, galerie, musée, une machine à propulser les artistes en herbe pervertis par l’ambition. dans le marché de l’art en plein boom. Maggie se retrouve au cœur des intrigues malsaines dont le monde de l’art contemporain semble avoir le secret. Elle va œuvrer en duo avec Ray un détective privé à la personnalité complexe, stressé par la mort récente de son frère. L’enquête porte sur le suicide de Branea Brasil, étoile montante de LAAC, promise à une célébrité mondiale. Elle avait terminé un documentaire provocateur sur l’assujettissement du corps féminin. Branea est retrouvée morte dans sa chambre sur le campus. Pourquoi une jeune femme aussi talentueuse s’est-elle tiré une balle dans la tête en pleine nuit ? Maggie découvre des indices troublants que la jeune artiste a dissimulés dans ses travaux avant de mourir. Brenea travaillait sur une vidéo avec Erik. Manipulation de l’élève par son mentor ? C'est l'occasion pour l’auteur d’évoquer son admiration pour Françoise Gilot qui refusa d’être la "victime" de Picasso. Interrogeant la consommation du corps féminin dans l’art, ce roman noir est une immersion angoissante dans les coulisses de l’intelligentsia du bon goût et une mise en abyme de notre fascination morbide pour la violence. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Thierry Arson. Broché. Format : 14,5 x 24 cm. 336 p. 22,80€. Paule Martigny. Mémoire des Arts