Nos Vendredis / Les Impressions Nouvelles

Dimanche, 15 Septembre, 2024 - 18:17

Qui hurle la nuit ? Quelle souffrance cache ce cri ?

Il s’agit de destins croisés d’habitants d’un quartier cossu du Brabant Wallon calme et familial. Un roman choral de Nathalie Marquès dont Meg est la narratrice. Elle est mère de quatre enfants. Sa vie est harmonieuse, elle devrait être comblée mais un vide s’insinue dans l’existence de cette femme au foyer. Meg perd pied dans un quotidien où elle ne se sent pas exister et abandonne petit à petit son envie d’écrire : "Je fais les courses et m’occupe de la maison. Je taille les haies et, à défaut d’écrire des histoires, je les raconte".

Régulièrement, le soir un cri déchirant perce la nuit. Vraisemblablement celui d’une femme. Meg et certaines de ses voisines la ressentent comme un écho. Il résonne à l’intérieur de Meg et met en évidence la pénibilité et la monotonie de son quotidien, en dépit de son affection pour ses enfants, d’un mari aimant et attentif, mais ignorant de sa mélancolie. Ce cri active les frustrations, les rêves abandonnés : "C’est un cri terrible. Un cri sordide. Il ne vient pas de loin. Je crois d’abord à un animal. Un renard peut-être. Mais c’est un cri du cœur. Un cri humain. Quelqu’un qui souffre et qui ne sait pas où aller cacher sa peine. Que va décider Meg ? Perdre totalement pied ou réagir ? Va-t-elle se remettre à écrire ?

Nos vendredis c’est son texte, c’est sa vie. Nos vendredis ce sont les rendez-vous avec Hugo avant qu’il devienne son mari. C’est l’histoire du coup de foudre, le récit de sa vie en interaction avec celui de son état de crise au présent. De vendredi en vendredi Meg observe son voisinage, évoque l’intimité de couple de ses amis. La narratrice entremêle ses pensées en une construction étudiée, bien rythmée et attachante qui rend la lecture addictive. Le cri constitue le fil rouge du roman et crée une tension intéressante. Les personnages féminins sont fortement attachants parce que particulièrement réceptifs.

Dans ce premier roman Nathalie Marquès a composé avec justesse son récit à partir d’un quotidien banal comme l’a fait Flaubert avec Madame Bovary ou Simenon avec La Porte ou L’escalier. Au fur et à mesure que les secrets sont mis à jour, Meg sent que l’inspiration revient. Lecture conseillée. Auteur à suivre.

Broché. Format : 14,5 x 21 cm. 208 p. 19€

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com