Virginia Woolf / Fayard

Dimanche, 1 Août, 2021 - 11:01

Carte d’identité

Par Henriette Levillain, professeur émérite à Paris-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages et articles parmi lesquels "Saint-John Perse"  (Fayard, 2013, Grand Prix de la biographie littéraire de l’Académie française), elle a plus récemment publié "Yourcenar. Carte d’identité"  (Fayard, 2016) et codirigé avec Catherine Mayaux le "Dictionnaire Saint-John Perse" (Honoré Champion, 2019). Dans cet essai aux multiples entrées, elle analyse l’œuvre romanesque de Virginia Woolf, anglaise avant tout et jusqu’au bout des ongles. Chauvine ? Oui, car aucun autre pays visité ne trouvera grâce à ses yeux. Henriette Levilain décrit à l’aune de ses personnages, cette émouvante beauté fragile et mélancolique, l’imaginative romanesque, l’éternelle marcheuse, ses appréhensions sexuelles, sa liaison tumultueuse avec Vita Sackville West et sa défense de la cause des femmes. Virginia, experte en langage poétique était une femme éprouvée par les drames familiaux, les deuils successifs. D’humeur changeante, dépressive, on parle aujourd’hui de trouble bipolaire, Virginia était atteinte de pulsions suicidaires. Elle réussira la dernière. Vêtue d’un lourd manteau, les poches remplies de pierres, elle se jeta dans l’Ouse. Mais Henriette Levillain ne veut pas se placer comme biographes et essayistes sur le seul domaine des traumatismes. Virginia la « folle » était un écrivain de génie et dans la vie privée et quotidienne ne ressemblait pas aux portraits figés et tragiques qu’on garde en mémoire. Les crises de sa maladie mal diagnostiquée et mal soignée la forçaient à se retirer de la scène sociale et de s’aliter. Pourtant sa conversation était drôle. Friande de poésie Virginia Woolf était une merveilleuse conteuse, et sa vie construite autour de l’art, apprenant pendant ses périodes d’alitement à « regarder autour de nous, regarder en l’air, regarder par exemple le ciel ». L’enchantement du quotidien, les petits gestes simples, c’est le mystère des vies minuscules qui constituent l’originalité de son écriture. Amateurs de Virginia Woolf, savourez toutes ces fenêtres ouvertes sur cette artiste et son œuvre. Lecture recommandée. Broché. Format : 13 x 21 cm. 276 p. 19€. Paule Martigny. Mémoire des Arts