L’Art brut / Flammarion

Près de 200 artistes. L’histoire de l’art brut enrichie de nouveaux créateurs en Europe, Japon, Chine, Bali, Ghana, Brésil. Art "dérangeant" d’esprits "dérangés"? Bien au-delà de cette considération obtuse. Une étude remarquable de Lucienne Peiry. Avec une préface de Michel Thévoz, dans laquelle on peut lire : "Les artistes novateurs du XXe siècle, qui ne se sont pas fait faute de reconnaître leur dette à l’égard des arts africains ou océaniens, n’ont-ils pas gardé le silence sur cette forme d’exotisme intérieur, décrétée d’emblée pathologique, qui leur avait été révélée notamment par les ouvrages illustrés de Marcel Réja en 1907 et de Hans Prinzhorn en 1922 ?" Un bon coup de pied dans la fourmilière des bien-pensants de l’histoire de l’art et la mise en exergue de la détermination de Jean Dubuffet. Lucienne Peiry qui a dirigé la Collection de l’Art Brut de Lausanne de 2001 à 2011 avant d’être nommée directrice de la recherche et des relations internationales de ce musée de 2012 à 2014 écrit : "Depuis 1945, date de son irruption clandestine, jusqu’à la fin du XXe siècle qui marque sa consécration, l’Art Brut joue un rôle essentiel dans l’histoire artistique et sociale contemporaine", "La proposition des éditions Flammarion –poursuivre mon étude sur l’Art Brut en l’enrichissant de l’analyse des vingt années qui la séparent de sa première parution (1997) – m’est apparue stimulante, puisque le développement de cet art, au début du XXIe siècle, ont entraîné des ouvertures et des enjeux décisifs." "Je n’aurais pu mener à bien cette recherche si l’Art Brut ne suscitait en moi un très grand enthousiasme de nature aussi bien émotionnelle qu’intellectuelle. Les propositions esthétiques et philosophiques de Jean Dubuffet ont profondément ébranlé mas valeurs et mes convictions, modifiant ma vision de l’art et mes perceptions. La sagacité de son intuition à l’égard de ces productions marginales, l’acuité de son regard, son inextinguible énergie – dont on prend la mesure en étudiant ses archives, ses correspondances, sa bibliothèque, ses dossiers, ses documents et ses notes – m’ont vivement impressionnée." Trois générations après son irruption l’Art Brut a conservé toute sa pertinence. Cet univers symbolique, étrange produit en nous un choc. L’inquiétude, la souffrance ou l’euphorie, nous la ressentons en écho à nos propres préoccupations existentielles. Près de trois quarts de siècle se sont écoulés depuis les premières affirmations de Dubuffet. Le contexte a changé. Les créateurs marginaux ne le sont plus pour les mêmes raisons, de nouveaux maux sont apparus mais la forte teneur intime reste primitive. L’émotion insupportable ou l’obsession de la mort jaillissent sous une forme poétique en relation avec le cosmos, l’invisible et l’infini. La vérité nue pénètre au plus profond du "Tambour de l’âme" selon l’expression de l’écrivain suisse, Charles-Albert Cingria. L’intérêt pour cette forme d’art s’est élargi au monde entier. L’étude transdisciplinaire de l’Art Brut, grâce à des approches plurjelles émanant de diverses disciplines : histoire de l’art, psychologie, psychanalyse, anthropologie, linguistique, théologie, mathématiques, s’avère indispensable. Vous découvrirez les thèmes : l’autre et l’ailleurs, la première aventure de l’art brut, New York et Vence, la Renaissance de la Compagnie de l’Art brut, un anti-musée, le temps des rencontres, affinités et influences. Notices biographiques, index des noms. Broché. Format : 15,9 x 21,2 cm. 400 p. 24,90€. Paule Martigny