Le Bœuf sur le toit / In Fine

Vendredi, 24 Décembre, 2021 - 15:15

Miroir des années folles…

Jean Pierre Pastori nous ouvre les portes d’un lieu unique, mythique, symbole de l’effervescence des années folles à Paris. Le designer Alexis Mabille qui signe la préface a participé à la renaissance de ce lieu fréquenté par nombre d’artistes parmi lesquels le groupe des Six, Satie, les pianistes Wiéner Doucet, Chanel, les écrivains et poètes Proust, Aragon, Cendrars, Reverdy, Radiguet, Cocteau et Sachs, particulièrement assidus, les peintres Picabia, Blanche, Picasso et Derain, le sculpteur Brancusi, Joséphine Baker, Charlie Chaplin, Gaston Gallimard, Misia Sert, Max Jacob, Isadora Duncan, etc. Cent ans après sa création, cette image d’un Paris festif et cosmopolite est réjouissante. Le Bœuf sur le toit c’était l’art de s’amuser. De quoi rêver dans notre époque de contraintes. Le Bœuf sur le toit fut créé par l’entreprenant et chaleureux patron, Louis Moysès dit Moïse, effaceur d’ardoises des plus désargentés, comme Dior ou Tzara. Cocteau qui a été l’âme de son précédent établissement, le Gaya-Cigogne poursuit, entraînant sa bande au Bœuf. Le lieu devenu trop exigu quitte la rue Boissy-d’Anglas pour la rue de Penthièvre. Le Tout-Paris des arts et des lettres qui se pressait au Gaya suit, et bientôt les milieux les plus divers se côtoient. Le ready-made conçu par Francis Picabia, L’Œil cacodylate, signé par une cinquantaine d’artistes devient l’emblème du Bœuf sur le toit dès son inauguration. Le Bœuf c’est le bar, les cocktails, le jazz, le music-hall, les danseurs qui se pressent entre les tables du restaurant dans un décor unique. Jean-Pierre Pastori évoque cette histoire en détail et développe le Paris artistique de l’époque précurseur et dérangeant, mais plein d’énergie : le théâtre, le music-hall (La Revue Nègre), les ballets (Les Mariés de la Tour Eiffel), la musique (Poulenc, Auric…), Dada, la littérature, etc. On suit le Bœuf, 34 rue du Colisée, adresse définitive, et la suite après le décès de Louis Moysès en 1949, qui devient discothèque puis restaurant de nuit. Une plaie pour les nostalgiques. Il passera en 1985 dans les mains du groupe Flo. La réouverture du Bœuf sur le toit en 2020, désormais propriété du groupe Moma, renoue enfin avec son passé musical. Un cadeau génial pour les amoureux de l’art de cette époque et de cet esprit de fête insouciante. Relié. Format : 24 x 28 cm. 138 cm. 39€. Paule Martigny