Les matriarches / Albin Michel

Samedi, 9 Octobre, 2021 - 16:01

« Elles ne sont donc pas à la tête… mais au centre »

Cet ouvrage est présenté par Laure Adler : « Ces sociétés de femme existent. Le savoir d’abord, puis les découvrir grâce au travail remarquable de Nadia constitue en soi une forme d’espoir, une leçon de courage, un moyen de résistance contre toute forme d’oppression. » Le matriarcat n’est pas un système pyramidal dans lequel la femme domine, mais c’est une organisation où la femme est centrale. Ces sociétés dont certaines sont très anciennes, sont hélas menacées par la mondialisation et les réseaux sociaux. Elles sont pourtant remarquables car elles reposent sur une vison cyclique de la vie comme de la nature. L’auteur, Nadia Ferroukhi, photo-reporter a commencé à identifier des communautés de pouvoir au féminin en 2008. Elle a organisé des reportages, et tout en faisant, elle a découvert la complexité et la richesse des constructions sociales. Ses photographies sont superbes et généreusement mises en page dans ce format à l’italienne. Elle est née d’une mère tchèque et d’un père algérien. Son travail est publié dans Géo, Courrier de l’Unesco, Le Monde, Marie-Claire, Courrier international, etc., et exposé dans galeries et musées. Dix groupes, dix tribus : Les Moso en Chine, les Samburu et Tiurkana au Kenya, les Zapotèques au Mexique, les Touaregs, les Minangkabau en Indonésie (sur l’île de Sumatra occidentale vit le plus grand groupe matrilinéaire au monde), les Bijagos en Guinée-Bissau, les Navajos aux Etats-Unis où les femmes sont la colonne vertébrale de la société, les Ouessantines en France, les Comoriennes chez qui les terres se transmettent de mère en fille, les Estoniennes, gardiennes de l’île de l’île de Kihn. Les matriarches transmettent le nom et l’héritage, ou elles possèdent la terre, la maison et les terrains cultivés, ou encore, elles choisissent leur compagnon ou décident leur divorce. A certains endroits elles ont inventé des traditions dans une société sans hommes, dans la mesure où elles étaient victimes de leur violence, ou bien se sont organisées face à la longue absence des hommes, etc. Nadia Ferroukhi rend hommage à la mémoire de Françoise Héritier (1933-2017), anthropologue et ethnologue à qui cet ouvrage est dédié, à celle qui "a bousculé les certitudes tranquilles", malheureusement disparue avant que son texte soit terminé. Vous apprécierez l’interview de Françoise Héritier par Cristina L’Homme en 2012. Relié. Format : 30 x 24 cm. 176 p. 35€. Paule Martigny