Louis-Ernest Barrias (1841-1905) / Éditions Mare & Martin

Samedi, 12 Juillet, 2025 - 15:07

Entre académisme et naturalisme

Cet ouvrage de Camille Orensanz, docteur en histoire de l’art, est issu de sa thèse soutenue à l’Université Paris IV-Sorbonne. Camille Orensanz a reconstitué la carrière de Louis-Ernest Barrias, sculpteur renommé de la fin du XIXe siècle et analysé ses principes esthétiques dans la tradition du "beau" académique. Son ouvrage formidablement documenté sonne comme une réparation.

Dépendants de la commande, les sculpteurs trouvent dans le nouveau régime de la Troisième République un solide soutien. L’engouement de la classe aisée pour la sculpture est favorisé par les éloges des plus connus dans la presse. Bustes et statues fleurissent dans le domaine funéraire et dans les appartements des collectionneurs, qui font également œuvre de mécénat pour le financement des monuments.

C’est dans ce contexte que Louis-Ernest Barrias, fils d’un modeste peintre sur porcelaine va devenir l’un des sculpteurs favoris de la Troisième République. Sur les traces de son frère Félix, couronné Grand Prix de Rome de peinture en 1844, il remporte celui de sculpture en 1865. Devenu une figure éminente du milieu artistique parisien, il reçoit de nombreuses commandes officielles. Brillant exemple de la sculpture dite "académique " il est attaché à une tradition sculpturale naturaliste et figurative, qu’il enseigne à l’École des beaux-arts jusqu’à sa mort.

Autres temps, autres mœurs et autres goûts, ce qui était vénéré au XIXe siècle fit par la suite l’objet d’un rejet parfois violent de toute la part d'un art dit "pompier". Barrias objet d’un profond désamour tombe alors dans l’oubli. Il est épargné d’un total trou de mémoire grâce à l’un de ses chefs-d’œuvre, visible au musée Orsay, La Nature se dévoilant devant la science, point d’orgue de l’Exposition universelle de 1900 (reproduit en couverture). Louis-Ernest Barrias n’avait jusqu’à présent, jamais fait l’objet d’une publication monographique. Cet ouvrage, adapté de la thèse de Camille Orensanz, met en lumière sa carrière et son œuvre qui, avant d’être rejetée, était l’expression des préoccupations et des goûts de son époque.

Avec la liste des sources, une essentielle et copieuse bibliographie et un index. Broché. Illustré en noir et blanc et en couleur. Format : 24,5 x 16 cm. 306 p. 33€.

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com