Mapplethorpe Flora / Phaidon

Samedi, 8 Juin, 2024 - 16:19

Connu pour ses portraits en noir et blanc et ses clichés empreints d'érotisme, Robert Mapplethorpe aimait aussi photographier les fleurs

Je connaissais mal Robert Mapplethorpe avant de lire Just kids de Patti Smith en 1999. Elle fait un portrait touchant de son ami à une époque où ils avaient tout juste vingt ans. Ils étaient magnifiques et s’encourageaient mutuellement. Mapplethorpe ne savait pas qu’il deviendrait un immense photographe. Il fabriquait des bijoux extraordinaires, Patti travaillait dans une librairie. Ils faisaient les fous dans les cabines de Photomaton et menaient une vie de bohème. Très vite je me suis intéressée à l’œuvre de Robert Mapplethorpe (1946-1989), à ses tirages argentiques, à son œil exceptionnel d’une rare subtilité, résultat d’un immense goût de perfection et d’une recherche quasi obsessionnelle dans un dualisme de sexe et de pureté.

Les éditions Phaidon honorent ses fleurs sous la direction de l’éditeur Mark Holborn. Cette œuvre magnifique et surprenante, collection complète de ses photographies de fleurs est rassemblée dans cet élégant ouvrage, avec un avant-­propos de Dimitri Levas, ami proche de ­Mapplethorpe, et une introduction d’Herbert Muschamp. Raffinement et mise en scène d’orchidées, roses, iris, tulipes, lys, etc. Habituellement Mapplethorpe se consacrait au corps et au portrait. Les stores de son appartement new-yorkais donnaient à ses photographies le look particulier des années 80. Il commença à photographier les fleurs avec un Polaroid offert par un ami. Comme il ne voulait ennuyer personne avec des séances de poses contraignantes, c’est sur les fleurs qu’il s’exerça pour comprendre seul les secrets de la lumière et plus tard les détails techniques de son appareil photographique. Sa première exposition personnelle eut lieu sur la côte ouest à la Simon Lowinsky Gallery de San Francisco en 1978. Il avait trente-deux ans.

Passionné par les arts décoratifs, Robert Mapplethorpe possédait des vases du mouvement Arts & Crafts américain. Beaucoup figurent sur ses clichés. Sa méthode de travail ne différait pas qu’il s’agisse d’une portrait, d’une fleur ou d’un objet. C’est la quatrième fois que ses photographies de fleurs sont publiées. Ses photographies n’offrent pas le regard d’un botaniste. Mapplethorpe n’était ni connaisseur, ni amateur de fleurs. Son regard dépasse le sujet, les fleurs deviennent sensuelles, mystérieuses, mélancoliques, inquiétantes, érotiques, supra réelles. Les fleurs de Robert Mapplethorpe ne sont pas simplement belles, elles sont aussi sensuelles que métaphysiques. Elles suggèrent aussi la mort dans un minimalisme japonais, ajouté à de puissantes références historiques. En effet il était un fin connaisseur des natures mortes dans l’art, de leur force symbolique et de leur mise en scène.

Une superbe idée de cadeau. Relié. Couverture cartonnée avec tranchefile. Format : 29,2 x 30,8 cm. 368 p. 89,95€

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com