Michel Piccoli. Le génie du jeu / Éditions de La Martinière

Le portrait de Michel Piccoli (1925-2020), acteur génial. Dans la vie, farceur, amateur du scandale face aux conventions, attachant, capable de s’émerveiller comme un enfant, et humble : « Monstre, j’accepte. Sacré, ça m’inquiète un peu » déclarait-il. Quant à son métier : assidu, concentré, dans la peau d’éternel débutant pour chaque rôle. Infatigable interprète, ami fidèle et esprit curieux, Michel Piccoli a navigué avec souplesse entre les grands maîtres et les auteurs de la Nouvelle Vague, les ténors du cinéma d’auteur populaire et les jeunes cinéastes audacieux.
Les mots d’Olivier Père, auteur des textes de ce magnifique ouvrage sont d’une justesse qui résument parfaitement son jeu : « Acteur moderne par excellence, il est parvenu à exprimer l’angoisse existentielle, l’anti-héroïsme de personnages en crise rongés par le doute. Son goût du scandale, du rire, du burlesque, du culot, de l’ambiguïté et de la curiosité rayonne dans les nombreux chefs-d’œuvre, mais aussi dans les titres moins admirés jalonnant sa trajectoire artistique. »
Raide commissaire dans Max et les ferrailleurs, homosexuel en collant bleu dans La Grande bouffe, pouvant passer de l’homme énigmatique du Mépris à celui des Choses de la vie, à Temroc de Marco Ferreri avec lequel il partageait le goût de la provocation, ou à l’opposé, incarnant Milou en mai, et encore médecin intègre, dévoré par une crise de conscience, dans Sept morts sur ordonnance. On pense aussi à sa colère inoubliable du repas de dimanche dans Vincent, François, Paul et les autres, et dans le rôle d’un Pape malgré lui, dépressif, dans Habemus Papam. Que de personnages différents incarnés, sa filmographie donne le tournis, ainsi que la liste télévisuelle ou celle du théâtre, impressionnantes. En guise de conclusion : « Vif dans son humanité comme dans ses emportements, il y a chez Piccoli au long d’un défilé d’émotions vraies et de compères finement créés, une verve, une liberté, une gourmandise malicieuse de la vie qui, toujours, nous emportent. » écrit Gilles Jacob dans une préface à lire consciencieusement.
L’auteur, Olivier Père a été responsable de programmation à la Cinémathèque française, délégué général de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, directeur artistique du Festival de Locarno. Il est depuis 2012 directeur général d’ARTE France Cinéma et directeur de l’Unité Cinéma d’ARTE France. Il est le coauteur de Jacques Demy (Éditions de La Martinière, 2010) et écrit régulièrement sur le cinéma dans différents supports. Pendant ses études à l’école du Louvre et en faculté de lettres, Ludivine Piccoli fait la rencontre de Michel Piccoli au Festival de Deauville. Elle l’accompagne dans l’aventure de Films 66, maison de production qu’il vient de fonder. Elle collabore à l’écriture de différents scénarii dont ceux qu’il réalisera : La Plage noire ; Ce n’est pas tout à fait la vie dont j’avais rêvé ; Alors voilà , ou Ma femme va avoir une voiture (jamais réalisé).
Préface de Gilles Jacob. Avec les témoignages de celles et ceux qui l’ont aimé et côtoyé Relié. Couverture cartonnée. Format : 22,8 x 28,50 cm. 208 p. 37,50€
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com


