Tatah Matisse. Sans titre / Musée Matisse Nice – Éditions In Fine

Vendredi, 26 Avril, 2024 - 20:17

Le peintre Djamel Tataf présente une réinterprétation captivante du musée Matisse de Nice, créant un dialogue visuel entre deux périodes et deux artistes

Parmi les oeuvres de Henri Matisse, le peintre Djamel Tatah a sélectionné des productions en noir et blanc afin de rendre hommage à l'obsession de l'artiste pour le trait, la ligne ainsi que la gestuelle. Il parsème l'exposition d'une trentaine de ses propres tableaux en grand format.

La première proposition de Djamel Tatah fut d'élaborer un parcours associant ses tableaux à Matisse mais aussi à d'autres peintres qui ont compté pour lui, formant des croisements. Un nouveau projet reposant sur la confrontation souvent indirecte des œuvres des deux artistes Tatah et Matisse fut adopté. "Il s'agit donc tout autant de montrer des continuités entre les œuvres de deux artistes appartenant à des époques à bien des égards très différentes, que de laisser à chacun d'eux ce qui lui appartient en propre et fait sa singularité." écrit Éric de Chassey, directeur général de l'Institut national d'histoire de l'art de Paris et commissaire de l'exposition, dans le premier texte du catalogue : Henri Matisse et Djamel Tatah : une réunion sans titre. Il relève que Tatah a été sensible à la curiosité de l'ailleurs de Matisse et à sa relation avec le Maghreb, avec l'Orient.

Leur différence ? Tatah ne représente pas de corps nus. Chez lui les vêtements sont des surfaces plastiques à part entière. A y regarder de plus près, Matisse à sa manière insérait les vêtements dans un système de formes.

Djamel Tatah a choisi différentes versions de La Danse de Matisse car chez lui aussi la transmission du mouvement se fait par la répétition et la variation d'une même figure. Éric de Chassey conclut ainsi son texte : "Délivrer l'imagination de toute limite, c'est sans doute la volonté commune de Djamel Tatah et d'Henri Matisse, celle qui justifie leur réunion "sans titre".

Dans le second texte Le ciel blanc de Matisse, Aymeric Jeudy, directeur du musée Matisse, Nice, éclaire notre lecture en précisant le parti pris de Tatah qui s'est focalisé sur l'œuvre graphique de Matisse, soit du noir et blanc. La sélection s'est effectuée parmi les 338 œuvres que conserve le cabinet graphique du musée qui lui permet de présenter ce fonds. Il écrit : "Djamel Tatah partage avec Matisse la blancheur de ses visages, leur simplicité. Chez l'un comme chez l'autre, de nombreuses images habitent leur mémoire, l'intègrent, pour mieux rejaillir ensuite."

Le dernier texte Une peinture entre les peintures est de Mouna Mekouar, critique d'art et curatrice indépendante. Elle analyse les deux faces du travail de Tatah montrant "un artiste partagé entre deux lectures du monde. Cette ambivalence constitue une clé pour comprendre le sens de son œuvre."

Djamel Tatah rappelle lui-même : "C'est parce que des œuvres s'activent à des moments donnés, parce qu'elles répondent à des besoins contemporains que celle de Matisse est pour moi aujourd'hui essentielle et engagée. C'est une œuvre vivante."

Une trentaine de tableaux de Tatah issus de collections publiques et privées, se fondent en adéquation avec les dessins de Matisse.

Musée Matisse Nice, jusqu'au 27 mai 2024. Catalogue relié. Couverture cartonnée. Format : 25 x 30 cm. 96 p. 100 illustrations. 29€

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com