Vingt intellectuels sous l'occupation / Editions du Rocher

Jeudi, 5 Novembre, 2020 - 10:59

Des résistants aux collabos…

Dont l'un des plus abjects fut sans aucun doute François Mitterrand, que l'auteur de cet excellent livre Laurent Wetzel professeur d'histoire politique à Sup de Co, qui travailla avec l'historien René Raymond, qualifie de « proche dans l'avant-guerre de la droite, voir de l'extrême-droite, il avait adhéré en 1934 aux Volontaires nationaux, un mouvement qui regroupait les jeunes des Croix de feu du colonel de La Roque. » Mitterrand rejoignit Vichy à la mi-janvier 1942 où il travailla à la légion des Combattants et volontaires de la révolution nationale. A cette époque il occupait des postes comme celui de vice-président du centre d'entraide aux prisonniers de guerre, alors que Pierre Laval était au pouvoir aux côtés du maréchal Pétain. Pendant cette période la politique de collaboration du régime de Vichy s'intensifia. Mitterrand approuvait les principes de la révolution nationale mais le plus grand déshonneur qui accable François Mitterrand est d'arborer la francisque d'honneur au printemps 1943. Le récipendaire devait prêter serment en ces termes : « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. Je m'engage à servir ses disciplines et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre. » Sans contestation possible François Mitterrand avait signé sa demande d'attribution. Nombreux, dit Laurent Wetzel, furent ceux qui virent François Mitterrand arborer l'insigne de la francisque dans les rues de Vichy. Mais le pire témoignage contre François Mitterrand est celui du général de Gaulle qui le raconta à Michel Droit : « Mitterrand déambulait tous les jours avenue Foch sous les fenêtres du ministère de Frenay à la tête d'un cortège de manifestants de tous poils en criant : « Frenay au poteau ! Rien que cela! » et le général de Gaulle de poursuivre : « Je convoque le dénommé Mitterrand rue Saint Dominique, où il arriva flanqué de deux acolytes, et je lui dis : « Qu'est-ce que cela? Du tapage sur la voie publique en temps de guerre alors que, si les hostilités ont pris fin en Europe, elles se poursuivent en Extrême-Orient, vous savez ce que cela vaut? » Il me répond : « Mon général, je n'approuve pas ces hommes. Je vais seulement avec eux pour les empêcher de faire des bêtises. » Je lui dit : « Alors si vous vous désolidarisez d'eux vous allez me l'écrire. Voilà un bout de papier, un coin de table, une plume, allez-y! ». Il me fait : « Mon général, ça demande réflexion! ». Je lui réplique : « Tout à fait juste. Je vous donne trois minutes. Si vous n'avez rien écrit et signé, vous sortirez de cette pièce et mis en état d'arrestation. » Alors il se lève avec ses deux acolytes, se dirige vers l'embrasure d'une fenêtre et revient vers moi: « Mon général, nous avons compris, je signe. » Voilà ce que c'est le dénommé Mitterrand. » Personnellement je regrette que ce qu'il savait à l'époque de Mitterrand n'ait pas permis au général de Gaulle de mettre un terme à ses activités de policard contestables et de l'empêcher de parvenir un jour à la direction de notre République. Parmi les autres personnalités remarquables honorées par Laurent Wetzel, il faut citer Germaine Tillon, Jacques Soustelle, l'ami du général de Gaulle et surtout, Pierre Brossolette qui se suicida à 41 ans pour échapper à ses tortionnaires. Une lecture vivement recommandée. Vous jugerez de l'ambivalence de Jean-Paul Sartre qui fit jouer ses pièces à Paris avec l'appui de la propagande Propagandastaffel (la censure allemande). Broché. 232 p. Format : 20,5 x 13,5 cm. 18€. Alain Vollerin