Dans l'épaisseur de la chair / Editions Zulma

Lundi, 2 Octobre, 2017 - 16:16

Jean-Marie Blas de Roblès signe un hymne d'amour d'un fils à son père

Jean-Marie Blas de Roblès est né en 1954 à Sidi-Bel-Abbès en Algérie. Il est l'auteur de « Là où les tigres sont chez eux » (Prix Médicis 2008) et du remarqué, « L'Ile du Point Némo ». Dans « L'épaisseur de la chair », il mêle Histoire et fiction. La fiction autorisant à percer une mémoire douloureuse. Manuel Cortès, fils d'immigrés espagnols tient un bistrot à Sidi-Bel-Abbès. Devenu chirurgien il s'engage aux côtés des Alliés en 1942. Opiniâtre, courageux et plein d'entrain, il accompagne en première ligne des équipes de pose de mines en terrain exposé. Réel ou inventé par son fils écrivain, le perroquel Heidegger est la voix ironique de sa conscience agitée, une sorte de fou du roi. Le fils narrateur dévoile la vie du père, une partie de l'histoire de l'Algérie, l'exode en France, et des pages émouvantes de ses souvenirs d'enfance. Une histoire qui en rappelle tant d'autres. Son père fut condamné à mort par les deux camps, par les fellaghas parce qu'il soignait les blessés de l'OAS, et par l'OAS parce qu'il soignait les fellaghas. Page 272, on peut lire un passage essentiel pour comprendre la situation : « Fin 1959, lorsque de Gaulle fit son discours sur le droit à l'autodétermination du peuple algérien, ce fut pour les pieds-noirs comme si leur sauveur s'était détourné d'eux; quand il fit tirer la troupe sur des manifestants français, lors des émeutes qui se déroulèrent à Alger l'année suivante, il devint évident pour tous qu'il était passé à l'ennemi ». Ils furent accueillis en France après avoir tout laissé en Algérie par un engageant : « rentrez chez vous, sales pieds-noirs ». Broché avec rabats. Format : 19 x 12,5 cm. 380 p. 20€. P.M.