Innocence / Grasset

Samedi, 9 Septembre, 2017 - 10:04

Une antiphrase pour dire l'anti-vie d'une enfant blessée...

Premier roman d'Eva Ionesco, fille d'Irina Ionesco, photographe célèbre par l'aspect provocateur de ses images érotiques, dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Comme titre, Eva Ionesco a choisi une antiphrase : Innocence à la place de perverse. Eva Ionesco reproche à sa mère, ce qu'elle ressent, depuis toujours, comme une perversion, l'obligation qu'elle lui faisait, alors qu'elle n'avait que quatre ans de poser pour elle, nue, ou, dans des attitudes indiscrètes, des poses désobligeantes comme les moments, où elle était aux toilettes. De quoi déstabiliser une enfant qui déjà souffrait de l'absence de son père. D'aiileurs la scène où elle se dépucellle aux toilettes avec un balai à chiottes est un authentique moment de tragédie féminine. Un texte dense, intense. Eva Ionesco avait beaucoup à dire, alors, elle parle, elle écrit, au point qu'on croit entendre sa voix, percevoir ses plaintes, ressentir sa solitude, et son profond manque d'affection. Eva Ionesco nous transmet son instabilité permanente. Elle ne ménage pas sa mère. Comment le pourrait-elle ? Eva Ionesco fut modèle. Elle joua au théâtre avec Patrice Chéreau. En 2011, elle réalisa son premier film dans une production franco-roumaine : My Little Princess dont le thème est proche de ce roman. Le père d'Eva Ionesco aurait pendant la guerre fait partie de troupes SS hongroises rassemblées au Sud-Est de la Hongrie. Irina Ionesco profitera de cette information pour dire à sa fille que son père était un nazi. Eva Ionesco souffrira de ces propos agressifs, et entreprendra de longues recherches pour tenter de rétablir la vérité historique. Celle-ci apaisera-t-elle vraiment Eva Ionesco ? Nous lui souhaitons. Broché. 425 p. Format : 20,5 x 14 cm. 22€.