La disparition de Josef Mengele / Grasset

Mardi, 12 Septembre, 2017 - 12:10

Roman d'Olivier Guez sur la cavale de « l'Ange de la mort »

Les nouvelles générations savent-elles qui était Josef Mengele? Nous en doutons. Il était médecin dans le camp d'extermination d'Auschwitz, l'infernale usine de mort mise au point par les nazis pour la solution finale. Le docteur Mengele « accueillait » les nouveaux arrivants à la descente des trains. Il sélectionnait. Une file pour la chambre à gaz, une autre pour son « dispensaire », avec une prédilection pour les jumeaux. Il put ainsi effectuer des manipulations génétiques sur des sujets humains, des expériences poursuivies dans l'intérêt d'une « amélioration de la race ». Son absence totale d'empathie n'avait d'égale que sa perversité. Délire d'un monstre sans conscience. Il ne fut hélas, pas le seul produit par le Troisième Reich, mais un des plus spectaculaires que retint l'histoire. Après la chute du régime, avant l'arrivée des Russes, il s'éclipsa sans être reconnu par des Américains. C'est sa fuite, la deuxième partie de sa vie, que raconte Olivier Guez dans ce roman remarquable et infernal, nourri à de nombreuses sources. Le début de la cavale de Megele organisée par d'anciens SS fut placée sous de bons auspices en Argentine, avec la protection de Peron. Une vie dorée qui prit fin avec la chute du régime. C'est alors que la citation de Czelaw Milosz choisie par Olivier Guez en exergue prend tout son sens : « Toi qui as fait tant de mal à un homme simple / En éclatant de rire à la vue de sa souffrance / Ne te crois pas sauf / Car le poète se souvient ». Appelé à changer plusieurs fois d'identité Mengele connut alors la peur, une angoisse obsessionnelle, la douleur, la dégradation physique, jusqu'à sa disparition mystérieuse en 1979. Sa traque menée par les opérations clandestines du service de renseignement israélien du Mossad ne fut jamais abandonnée. Comment le docteur diabolique, responsable d'expériences inommables passa-t-il entre les mailles du filet, que ce soit en Argentine, au Brésil et au Paraguay? Tout est écrit dans ce roman à lire absolument. Olivier Guez a reçu en 2016 le prix allemand du meilleur scénario pour le film « Fritz Bauer, un héros allemand ». Il mériterait certainement un prix en cette rentrée littéraire. Broché. Format : 14x 20,5 cm. 240 p. 18,50€. P.M.