Mina Loy / Grasset : rentrée littéraire automne 2017

Vendredi, 11 Août, 2017 - 11:25

Les œuvres entendent beaucoup de bêtises...

Faire d'une biographie, un roman possible pour cette rentrée littéraire, un pari réussi pour Mathieu Térence, auteur de fictions, d'essais, et de poèmes. La vie tumultueuse de Mina Loy fut une succession de rencontres : Peggy Guggenheim, Walter et Louise Arensberg, Albert et Juliette Gleize, Gertrude Stein, Alfred Stieglitz, Marcel Duchamp, Arthur Cravan, Sigmund Freud, etc. Mathieu Térence semble surpris par le patronyme du Dr Henry Le Savoureux (1881-1961). Pour moi, lecteur fidèle du Journal littéraire de Paul Léautaud ce psychiatre renommé, attaché à la maison de retraite de la Vallée-aux-loups qui fut la demeure de François-René de Chateaubriand, fut un acteur incontournable de la vie artistique française. Le Dr Henry Le Savoureux (décrit dans ce roman comme l'amant de l'héroïne) avait convaincu l'écrivain polémiste, Paul Léautaud de délaisser sa maison de Fontenay-aux-Roses, pour l'accueillante Vallée-aux-loups, où, il mourut en 1956, après avoir prononcé ses derniers mots : « Et maintenant, foutez-moi la paix. » Mathieu Térence rapporte ce mot de James Joyce : « rien de déplaisant dans l'être humain s'il savait rester à sa place. » Voici bien un comportement, tout à fait opposé, à celui de nos contemporains, horribles bavards, maladroits et dangereux. Je regrette que Mathieu Térence s'autorise à limiter l'entregent sublime de Marcel Duchamp à cette formule « le nihilisme du vampire ». Une attaque dérisoire et bête contre un des artistes le plus anti-conventionnel, sensible et intelligent du XXe siècle, adulé par les « gestionnaires » de l'art contemporain qui n'ont jamais compris que tout était humour chez Marcel Duchamp, même, et surtout, le piédestal sur lequel, ils se sont installés, comme des vautours insatiables. Saisissez-vous de ce livre immédiatement, il vous passionnera. Broché. 229 p. Format : 20,5 x 13 cm.