Camille et Paul Claudel, des destins parallèles…

Jeudi, 21 Juin, 2012 - 08:12

L'été Claudel à la Maison Ravier de Morestel

1885-1905 : deux artistes à l’œuvre. Nous commencerons par rappeler que le Ministère de la Culture, alors représenté par Frédéric Mitterrand, a inclus la Maison Ravier dans le label Maison des Illustres. Belle reconnaissance d’une action menée avec beaucoup d’opiniâtreté et de conviction par l’équipe réunie autour du Docteur Bernard Deviller, depuis l’ouverture au public en 1992. Marie-Victoire Nantet commissaire scientifique de l’exposition, qui signe plusieurs textes, a bien fait de ne pas rallumer les polémiques autour des rapports artistiques ou amoureux entre Camille Claudel et Rodin. Saluons aussi le travail de fourmi obstinée de Jacqueline Bigallet, et l’engagement sans faille de Nathalie Lebrun, co-commissaire de l’événement. La famille Claudel fut largement impliquée dans ce projet : Mme Renée Nantet, fille de Paul Claudel, Mme Violaine Bonzon-Claudel mandataire, ainsi que tous les membres figurant dans l’indivision. Remarquable exposition dossier, comme l’équipe de la Maison Ravier sait les maîtriser parfaitement. Deux destins, celui de Camille (1864-1946), l’aînée, qui exposa pour la première fois au Salon en 1886. D’abord élève d’Alfred Boucher dont le nom n’est pas passé à la postérité, Camille Claudel rencontrera le plus puissant génie de son époque, Auguste Rodin, dont elle s’éprendra, et dont l’influence nourrira beaucoup de ses compositions. Après la mort de son père, Camille Claudel sera internée et mourra dans l’asile d’aliénés de Montfavet, après un trop long séjour. Paul Claudel détenait lui aussi une âme d’artiste, une sensibilité qu’il sollicita pour écrire de la poésie. Il sera en correspondance avec Marcel Schwob, l’auteur du Livre de Monelle, témoin de ses premiers essais poétiques. Admirateur de Stéphane Mallarmé, sans être symboliste, Paul Claudel, un peu comme Pierre Loti, sera séduit par les charmes de l’Extrême-Orient. Nommé consul à Prague, puis en Chine, il approfondira sa découverte d’Hokusai, et de cette « Vague » qui avait fasciné les Nabis, et tous les visiteurs de la galerie de Siegfried (ou Samuel ) Bing ( où exposa Camille Claudel ), dont les frères Goncourt. Pendant quarante ans, il sera souvent « absent » et donc dans l’impossibilité de soutenir sa sœur au moment de ses premières errances psychiques. Auguste Rodin lui, sera toujours présent. Deux destins en parallèle. Deux vies exaltées. Celle de Camille Claudel ne connaissait pas de bornes, ce qui causa sa perte, même dans ses rapports avec sa mère et sa sœur, et avec bien entendu la direction de l’asile où elle était soignée. L’événement est accompagné d’un catalogue (broché, 86 p. 25€) très fidèle au projet des organisateurs, avec un avant-propos de Jean Guibal, conservateur en chef du musée dauphinois de Grenoble, et une préface de Dominique Diu, directrice de la bibliothèque littéraire Jacques Doucet à Paris. A voir absolument. Nombreuses manifestations dans le cadre de cet Eté Claudel. Renseignez vous en pianotant www.maisonravier.com. Maison Ravier jusqu'au 30 septembre 2012