Décès de la timide, et pourtant déterminée, Alice Gaillard...

Mercredi, 5 Juillet, 2017 - 08:06

Alice Gaillard, une œuvre forte, proche de l'Art singulier, et de l'Art naïf...

Alice Gaillard et Jean Janoir au Fort de Vaise, le 16 mai 2009

Alice Gaillard, née le 2 novembre 1927 (scorpions, nous étions nés le même jour, ce qui nous unissait, surtout au niveau de nos caractères), à Lyon, avait quatre-vingt neuf ans. Inscrite à l'école des beaux-arts, en octobre 1946, elle avait obtenu son diplôme dans la classe de peinture, dont un des professeurs était Antoine Chartres, membre du groupe des Nouveaux avec Marc Aynard, René Chancrin, Pierre Pelloux, Jean Couty, Jean-Albert Carlotti, et, Henri Vieilly dont elle appréciait l'enseignement. Alice Gaillard admirait la puissance picturale d'Antoine Chartres, sa rage de peindre. Elle en fut durablement impressionnée. Alice fut l'amie du merveilleux, Joannès Veimberg. Lorsqu'avec, René Deroudille, nous avons souhaité rendre hommage à Veimberg, par une série d'entretiens filmés avec ses amis, elle accepta immédiatement, en 1992, de témoigner aux côtés de Myriam Bros, Suzanne Reyne-Sabaté, Geneviève Böhmer, André Mure, Louis Tricaud, Louis Saillet, Denise Mermillon, et bien entendu, Jean-Jacques Renaud. Alice Gaillard incarnait la suprême amitié, comme un culte. Elle se dévoua à la programmation des expositions, pour la Fondation Serge et Jean-Jacques Renaud. Dans ce contexte, nous conservons un souvenir ému des rétrospectives dédiées aux peintres, Jean Janoir et Georges Darodes. Détachée de toutes influences, Alice Gaillard, qui avait subi le devoir d'enseigner, pendant de trop longues années, avait installé son atelier, dans une maison autour d'un jardin, partagée avec sa sœur, à Miribel, dans l'Ain. Entrer dans cette demeure constituait un acte initiateur. Nous étions accueillis par un être de bonté, une femme secrète et discrète qui veillait sur la destinée domestique de sa sœur, comme une mère. La pièce, où, nous entrions, blanche, aux allures monacales, était propice à la méditation, au recueillement. C'est ici qu'Alice Gaillard trouvait l'apaisement indispensable à sa vie d'artiste, à la fatigue occasionnée par ses nombreux voyages. Alice Gaillard avait aménagé un grand atelier, haut de plafond. Là, elle a bâti ses plus monumentales toiles. Depuis son retrait de l'éducation nationale, Alice s'enchantait dans les vastes espaces, où, murmuraient ses couleurs les plus révélatrices : les violets étranges, les bleus improbables, les rouges envoûtants et les jaunes insolites. Un univers, si lointain de notre contraignante réalité. Parmi ses thèmes les plus exaltants : la truculence de la fête avec ces femmes et ces hommes en habits chamarrés et lumineux. Alice Gaillard était un être frêle d'apparence qui produisait une peinture titanesque. Ses nombreuses œuvres entreront-elles dans le fonds de la collection de la Fondation Renaud ? Nous sommes inquiets ! Nous mettons en garde ses administrateurs, et particulièrement, Michel Rivoire, récemment responsable d'une vente publique d'oeuvres de Thérèse Contestin, et de Simone Gambus. Les dons d'artistes ne sont pas là pour financer l'activité de la Fondation Renaud. Nous frisons le scandale. De tels actes inappropriés sortent de la vocation de la Fondation Serge et Jean-Jacques Renaud. Celle-ci doit promouvoir la création artistique, en organisant des expositions, des rencontres, en publiant des textes, mais pas, en organisant des ventes publiques, comme le font d'infernaux commissaires-priseurs, ennemis de la valorisation de la cote des artistes de l'incontestable Ecole de Lyon, la seconde en France, après Paris. Attention, pas de dérapage ! Il faudra rendre souvent hommage à notre amie, Alice Gaillard. Elle mérite de ne pas sombrer dans l'oubli. Elle a tellement milité pour les arts à Lyon. Nous présentons à sa famille, et à tous ses nombreux amis, nos très respectueuses salutations. Les funérailles d'Alice Gaillard se dérouleront, à Miribel, dans l'église Saint-Romain,le 6 juillet 2017, à 10h30.