L'Hivernal 2024 à l'Orangerie du Parc de la Tête d'Or

Vendredi, 17 Mai, 2024 - 09:32

Exemplarité de la résistance d'un groupe face à l'ostracisme de l'adjointe à la culture de la ville de Lyon

Ex-adjointe à ce jour car, quelle bonne nouvelle ! En effet Mme Nathalie Perrin-Gilbert a été démise de ses fonctions d'adjointe à la culture. Le départ de cette dame qui avait réussi un prodige, faire l'unanimité du monde de l'art contre elle, est une bénédiction. Qu'en aurait dit Alain Vollerin, comment aurait-il réagi, lui, le grand défenseur des salons et soutien fidèle de L'Hivernal? Quelques milliers d'artistes en auraient presque pleuré de joie. Nous espérons toutefois que ses erreurs seront corrigées. Réparer serait louable, respectueux et judicieux. Artistes, collectionneurs, amateurs d'art sont tous des citoyens électeurs si je ne m'abuse…

Rappelons brièvement l'origine du Palais de Bondy. Construit entre 1902 et 1904 il avait été conçu pour accueillir le Conservatoire de Lyon, aujourd'hui salles Molière et Witkowski. Au premier étage deux salles étaient dédiées aux expositions. L'autocrate Nathalie Perrin-Gilbert décida selon des critères abscons de bouleverser cet équilibre humaniste. Ce lieu municipal dédié à des associations artistiques, doit continuer d'être accessible sans discrimination.

Le rôle des salons, après sélection, est d'accueillir les artistes. Dans chacun d'eux on fait des découvertes. C'est l'occasion pour chacun de présenter ce qu'il a produit de meilleur dans l'année. La force d'un salon, abstraction faite des impondérables et incorrigibles égos de certains, c'est l'esprit collectif, l'énergie des échanges. Nous attirons votre attention sur le rôle exigeant et au dévouement de la présidence et des membres du bureau, tous bénévoles. Gérer un groupe implique de donner beaucoup de son temps au bon déroulement des choses. A titre informatif, le salon du Sud-est qui aurait fêté ses 100 ans en 2025 a cessé d'exister. Quelle déception quand on pense à la qualité et l'engagement de ses fondateurs! Le combat a cessé faute de combattants. L'envie et la solidarité sont essentiels à la résistance.

Revenons à L'Hivernal cru 2024. Cette année à L'Orangerie du Parc de la Tête d'Or, lieu de repli, figurent 35 exposants au lieu de 63 en 2023. 7 sculpteurs dont la qualité est évidente et 25 peintres tous dignes d'intérêt. Leurs œuvres résonneront différemment en chaque visiteur.

Ce soir de vernissage la pluie incessante avait laissé place au soleil. L'Orangerie baignait dans la lumière. Dans son discours synthétique et pertinent la présidente Chantal Hayette précisait "il n'y a dans l'art ni passé, ni futur, que de l'éternel". En effet comme le disait Brancusi : "L'art ne fait que commencer". La présidente souligna le credo du salon, "privilégier la créativité qui fait rêver, qui interpelle l'être humain dans sa dimension émotive, contemplative, poétique, tout ce qui peut nous élever au-dessus du quotidien". Un chemin suivi par les artistes de ce 68e salon L'Hivernal.

Christine Berger-Mallet, justement primée Médaille d'or 2024 présente des plans rapprochés de figuiers de barbarie, avec des axes et un traitement parfaitement maîtrisés, Evelyne Bouhey fêtera en 2025 les trente ans de sa technique si personnelle au couteau, Anne-Marie Callamard fut remarquée par son envoi mystique, Eric Chambon est gratifié du prix de Sculpture, Geneviève Cornu et la musicalité de son univers onirique, Gilbert Duchesne toujours surprenant dont on relève d'intéressants hors champs, les cyanotypes de Claire Durieux, les signes de Pretin de Pauline Girod prête à clore sa série des terres salines du Jura, Claude Grégoire dont la Verrière de Clémence orne l'affiche, une saisissante anamorphose de Chantal Hayette, miroir de sorcière au cœur d'un tableau, les compositions puzzles de carton de Laurent Lecuelle, l'envoi cohérent de Maryvonne Marguerin qui nous surprend par sa radicale différence avec celui vu au Groupe des Douze, les délicats et méditatifs paysages de Janie Petit qui renouvelle sa palette, les cyclones étincelants du fougueux Jean-Michel Reviran, le triptyque aquatique d'Evelyne Scarbotte déjà remarqué dans un précédent accrochage, les toiles bucoliques de Jean-Paul Schmitt dans un remarquable traitement de la lumière, Agnès Tiollier qui affirme sa maîtrise de la peinture à l'huile, l'envoi de Martine Truffy-Montemaggi à juste titre gratifié du prix de Peinture, la qualité des bronzes d'Adeline Weber-Guibal Médaille d'or 2023, etc. Nous ne pouvons évoquer chacun des exposants dont les envois méritent tous qu'on s'y attarde. Ne ratez pas les petits formats réunis dans un espace spécial (dimension unique, prix unique 130€).

Une visite à programmer en ce week-end prolongé de la Pentecôte. Orangerie du Parc de la Tête d'or jusqu'au 28 mai 2024. En semaine, tous les jours 14h-18h. Samedi et dimanche 10h-18h. Entrée libre. www.lhivernaldelyon.com

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com