"L'Œil" de Planque 4. Sorel Etrog / Éditions La Dogana

Mardi, 2 Mai, 2023 - 11:14

Sculptures et dessins - Chapelle des Pénitents blancs / Granet XXe, Aix-en-Provence

Le collectionneur Jean Planque avait remarqué avec un vif intérêt un grand dessin au fusain puissant et douloureux réalisé par le sculpteur canadien d’origine roumaine, Sorel Etrog. Sa mort survenue quelques mois plus tard l'empêcha d'acquérir une pièce de cet artiste. Sorel Etrog qui avait pu admirer l'ampleur et la qualité de la collection de Jean Planque offrit à la Fondation Jean et Suzanne Planque plusieurs de ses sculptures et quelques dessins. Un bel échange né de l'admiration d'un collectionneur et de l'émotion d'un artiste. Le sculpteur Sorel Etrog s'est tourné parfois vers la peinture et d'autres fois vers le dessin, comme une possibilité de renouvellement de sa sculpture par d'autres approches. La force de son dessin est née d'un drame, à la suite d'un accident de la route survenu en Italie. L'artiste alors victime d'une grave dépression se tourna vers le dessin et plus particulièrement le fusain, oscillant entre horreur et tendresse comme on le constate avec la série Bulls, qui débouche sur Targets : Study after Guernica de 1969, tragédie des bœufs dans les abattoirs. L'incessante recherche de l'artiste se nourrit de ce qui l'entoure, de matériaux inédits, la série des "links" en est une des preuves. Squelette humain et éléments mécaniques s'emboîtent évoquant notre condition de mortels. Avec le motif de la charnière, "mécanisme très simple, il parvient en effet à suggérer de manière efficace le passage toujours incertain - est-ce ouvert ou fermé ? - entre le bas et le haut, entre le monde intérieur et le dehors, et peut-être mieux encore entre l'avant et l'après", comme l'exprime justement, avec sensibilité Florian Rodari, l'auteur des textes de ce catalogue paru à l'occasion de l'exposition présentée à la Chapelle des Pénitents blancs / Granet XXe, à Aix-en-Provence jusqu’au 3 septembre 2023. Sorel Etrog, comme tous les grands artistes donne à voir, là et au-delà. Il écrit : "A mes yeux une sculpture doit être semblable à un haiku, contenir en peu de mots l'essence d'une idée. Il faut que cela soit condensé à l'extrême et en même temps symbolique. C'est comme si je congelais un fragment du temps que l'amateur qui contemple mon œuvre était ensuite chargé de libérer." Dans le cadre du dépôt de la Fondation Planque au musée Granet d'Aix-en-Provence. Broché. Format : 16,8 x 23 cm. 80 p. 20€. Paule Martigny. Mémoire des Arts