La stupéfiante mort de Pierre Bergé…

Vendredi, 8 Septembre, 2017 - 18:19

Il avait une réputation d’inoxydable…

Pierre Bergé a longtemps cultivé l’art du secret. Il avait habilement dissimulé sa maladie. Je viens de vivre des moments bizarres. J’avais reçu, il y a quelques semaines, un coffret de 2 CD publié par radiofrance éditions. Il s’agit d’une série d’enregistrements effectués dans le cadre de l’émission « A Voix nue », et diffusée pour la première fois du 29 août au 2 septembre 2016. Ces entretiens furent admirablement menés par Joëlle Gayot, productrice à France Culture, dont la spécialité est le théâtre. Je tiens à la féliciter, pour le sérieux qu’elle apporta dans la préparation de toutes ses questions. Dans cet entretien Pierre Bergé évoquait sa santé, et celle de sa mère qui venait de mourir à 107 ans. PIerre Bergé était sûr de lui, de son avenir. Et le voici mort. Soyons modestes, mes amis !L’intérêt de la pensée de Pierre Bergé résidait dans ses failles, dans ce qu’il y avait en lui d’inaccompli et même, d’archaïque. Ce sont les carences de Modernité de Pierre Bergé qui le rendent différent et sympathique : sa détestation du concept de mariage, trop bourgeois à ses yeux, son rejet de la mode du féminin donné aux fonctions des femmes, ou, encore, la volonté de séparer l’homme de la femme par des conceptions à ses yeux inutiles, comme le féminisme. Pierre Bergé était un socialiste à la mode de Bretagne, bien qu’il soit charentais. Sa passion pour Mitterrand fut bien tardive, comme celle qu’il portait à Marguerite Duras. Dommage que tous deux soient à jamais indéfendables : Mitterrand, pour avoir demandé la francisque pétainiste par le biais du Dr Ménétrel, proche conseiller de Pétain, et la seconde, pour avoir servi l’armée allemande, pendant plusieurs années, pendant l’Occupation, à Paris. Dans l’ordre des prévisions électorales, Pierre Bergé était rigoureusement nul. N’avait-il pas prévu la réélection d’Hollande ? Il y a de quoi rigoler. Pierre Bergé appréciait l’écrivain, Paul Léautaud, si attaché à sa liberté de langage. Je ne crois pas que l’ermite de Fontenay aurait apprécié la personnalité de Pierre Bergé. Sa mort posera sûrement de grandes difficultés à la presse papier de gauche. Deux musées, portant le nom d’Yves Saint-Laurent, devaient être inaugurés, dans quelques jours. Qu’en sera-t’il ? Pierre Bergé sera incinéré, et ses cendres rejoindront celles d’Yves Saint-Laurent, à Marraketch dans la villa Majorelle. Que deviendra la Fondation Pierre Bergé ? Je vous recommande vivement l’écoute du coffret de 2 CD, d’une durée de 2h30. 15€.