Le peintre lyonnais Pierre Pelloux est mort il y a 50 ans

Lundi, 20 Octobre, 2025 - 18:17

Serait-il tombé dans l’oubli ?

Le peintre lyonnais Pierre Pelloux est mort le 26 octobre 1975, il y a exactement 50 ans. 
Peu après sa mort, une plaque commémorative a été fixée sur la façade du 41 boulevard Eugène Deruelle. Au dernier étage, l’artiste y avait son atelier dans un appartement plutôt exigu qu’il partageait avec sa famille.

Dans le même élan commémoratif, son nom a été donné à un square du 3e arrondissement de Lyon.
 En 2015, le Musée des Beaux-Arts de Lyon réserve une place d’honneur à Pierre Pelloux au sein d’une grande et belle exposition intitulée « Un regard sur la scène artistique lyonnaise au 20e siècle ». Cinquante ans après sa mort, qu’en est-il de la notoriété de Pierre Pelloux ? Serait-il tombé dans l’oubli ? Il est certain qu’il mériterait d’être placé au même rang que Jean Couty, Jacques Truphémus, Jean Fusaro ou André Cottavoz. Il reste que ses œuvres sont encore appréciées de quelques galeristes, d’experts et de collectionneurs. Il figure dans les collections du Musée Paul Dini et de la Tomaselli Collection.

J’ai eu la chance de connaître Pierre Pelloux en 1964, alors que j’étais encore lycéen. J’ai été son dernier élève.
Au dernier étage du 41 boulevard Eugène Deruelle, la fenêtre de son atelier, tournée vers le sud, regardait ce qu’il restait du camp militaire de la Part-Dieu, avant sa totale démolition. Lorsque les brumes lyonnaises se dissolvaient, une lumière généreuse envahissait l’espace. Depuis leurs chevalets d’étude, les élèves voyaient le Maître étirer au couteau des ciels d’une transparence dont il avait le secret. J’ai connu la dernière saison de l’artiste, ô combien féconde. Les portraits accrochés aux murs, comme celui de l’énigmatique Américaine Jessie (1928), rappelaient son passé. Indépendamment des mouvements à la mode, sa peinture était bien ancrée dans son temps... même s’il aimait à se réclamer de Piero della Francesca.

Dans les années soixante, Pelloux ne peint plus de portraits. La figure humaine a laissé la place à des fleurs et à des natures mortes, mais surtout à des paysages silencieux et envoûtants, aux couleurs rares et au graphisme épuré. Glanant ses motifs à Serrières, à Eygalières, à Calvi ou plus simplement au Parc de la Tête d’Or, Pelloux simplifie. Il s’en tient à l’essentiel. Il joue sur les plans successifs pour atteindre l’horizon, nous emmenant aux confins d’un espace qui se dilue à l’infini. Le bleu liquide du ciel, l’or du couchant, le rose tendre des pêchers en fleur, le vert grave des chênes-lièges, le jaune poudré des tournesols, l’orange cinglant des kakis, le bleu des champs de lavande qui flirte avec le violet... une palette en quête de lumière. Même s’il reste fidèle au figuratisme, Pelloux a une prédilection pour les ombres portées et les reflets en miroir qu’il traite comme des avatars du réel. Une simple flaque d’eau est une fenêtre ouverte sur le ciel. Les parasols qui s’alignent sur les plages de l’Adriatique filtrent les rayons du soleil tout en les parant de vives couleurs. La lumière de Pierre Pelloux va très loin, ne reculant pas devant l’aventure de la transparence et de la monochromie.

Michel Feuillet

Professeur Émérite des Universités