Machins d'art / In fine éditions d'art – LaM Villeneuve d'Ascq

Vendredi, 27 Octobre, 2023 - 19:57

En 2023, le LaM se renouvelle et fête ses 40 ans ! Un anniversaire et une programmation exceptionnelle d'un musée qui a su cultiver avec passion une approche décloisonnée

Ce beau livre sur les 40 ans du LaM présente en 22 thèmes la collection qui couvre les champs de l'art moderne, de l'art contemporain et de l'art brut. Au total plus de 8000 œuvres majeures se côtoient. « Machins d'art », qu'est-ce que c'est que cette bête ? Il s'agit d'un terme issu de propos d'André Robillard, créateur de toutes sortes de fusils improbables avec tout ce qui lui tombe sous la main, des fusils qui ont le pouvoir de « tuer la misère » selon son expression. Son premier fusil fut envoyé à Jean Dubuffet en 1964, par le Dr Renard, médecin-directeur de l'hôpital de Fleury-les-Aubrais. Rappelons à ceux et celles qui ne le savent pas que Jean Dubuffet a inventé le terme art brut en 1945 et qu'il a fait don de son exceptionnelle collection à la ville de Lausanne ne trouvant pas de lieu adéquat en France.

Le LaM fut inauguré en 1983 (il s'appelait auparavant Musée d'art moderne) grâce à la donation de la remarquable collection de Geneviève et Jean Masurel. En 1999, il fut enrichi d'une deuxième donation, celle de la collection de l'Aracine créée en 1982, par Madeleine Lommel, Claire Teller et Michel Nedjar. La collection du LaM est donc très riche en œuvres d'art brut. Elle commence avec l'art moderne, des œuvres fauvistes et cubistes offertes par le docteur Roger Dutilleul. La période se clôt avec des œuvres des années 1950. L'art contemporain des années 1960 à aujourd'hui est le fruit d'acquisitions successives par le musée. L'art brut conforme à la définition de Jean Dubuffet, est complété depuis 1973, par l'outsider art, expression des marges et des minorités appelé aussi art hors les normes.

Les « assemblages » forment un dénominateur commun aux œuvres, les « artistes » de l'art brut sans moyens utilisent des matériaux de récupération par nécessité (ex : Séraphine de Senlis avec des pots de Ripolin), ceux de l'art moderne et de l'art contemporain ont une démarche conceptuelle, sable ou papier journal pour les cubistes, affiches pour les Nouveaux Réalistes, bâches pour Supports-Surfaces, objets neufs de supermarché pour Martial Raysse, peluches et fils pour Annette Messager, etc.

La grande majorité des artistes classés dans l'art brut est d'origine modeste. Ils sont vierges de formation artistique, ou bien ont conçu leur œuvre à l'hôpital ou à l'asile - le milieu médical se pencha alors sur les créations des patients sous un angle thérapeutique. Le titre « machins d'art » choisi à dessein est propre à montrer les résonances entre les œuvres. La création dans tous ses états participe d'une obsession, que l'artiste soit malade ou non, formé ou autodidacte.

« Machins d'art » poursuit la démarche du LaM et approfondit cette histoire dans cet ouvrage célébrant le quarantième anniversaire du LaM à l'initiative de son directeur Sébastien Delot, sous la direction de Jeanne-Bathilde Lacourt conservatrice en charge de l'art moderne au LaM, avec notices et essais produits par près d'une vingtaine de contributeurs éclairés.

Depuis mars 2023, un nouveau parcours de la collection permanente est en place. Grande exposition temporaire : Anselm Kiefer. La photographie au commencement, jusqu'au 3 mars 2024. Édition brochée avec rabats. Format : 19 x 24 cm. 280 p. 280 illustrations. 32€.

Paule Martigny – Mémoire des Arts / blog-des-arts.cm