Nous apprenons avec stupeur la mort de Christian Souillot…

Mardi, 10 Mai, 2016 - 11:30

Tout le monde des arts en France est en deuil

Christian Souillot, dans sa galerie, devant une œuvre de Kijno

Car l'action de Christian Souillot ne se limitait pas à Sennecey-le-Grand, où il avait installé depuis quelques années une galerie militante, qui lui permettait de défendre des artistes régionaux, bien entendu, mais aussi des membres de l'Ecole de Paris, comme Max Papart, dont il venait de présenter un remarquable ensemble d'œuvres abstraites. Il soutenait Claude Bellegarde, Ladislas Kijno, John Koenig, Valerio Adami, Alexandre Istrati, Pierre Dmitrienko, etc. Christian Souillot n'était pas un personnage de notre époque, conditionnée à appât du gain dans la vitesse et la précipitation. Au contraire, il incarnait à la perfection, ces héros tout à la fois urbains et paysans, qui peuplent la littérature de Restif de La Bretonne. Comme eux, il était attaché à une complète liberté d'action, à un naturel, à une sûreté de jugement inaliénable, à la rigueur de la parole donnée. Nous nous étions rencontrés il y a plus de trente ans autour d'un profond intérêt pour l'œuvre de Camille Niogret. J'avais grâce à lui découvert Vanber. Il admirait le photographe humaniste Léon Herschritt, dont il avait présenté quelques images, en préfiguration de sa rétrospective de juin 2016 au musée Nicéphore Niépce. Christian Souillot était un homme fier et discret. Il fallut l'amicale intervention de Manuela, pour que nous entamions une bénéfique et amicale collaboration. Christian Souillot savait identifier la peinture, mais aussi le moindre dessin ou aquarelle. Il en relevait immédiatement la valeur, toujours prioritairement artistique. L'argent, contrairement à ce qu'affirme Pascal Bruckner dans son dernier livre, n'avait aucune valeur à ses yeux. Tous ceux qui l'ont croisé, particulièrement le dimanche matin aux Puces de la Feyssine, seront d'accord avec moi. Sa lucidité lui avait permis de soutenir l'œuvre de Walter Comelli, auquel il avait rendu hommage en septembre 2015, en présence de sa veuve Anne Comelli. A Lyon, il avait particulièrement apprécié Raymond Grandjean et ses collages, Henri Mouvant, Jim Léon, Paulette Bacon, Henri Jaboulay et Philippe Artias. Christian Souillot ne manquait pas de projets dans sa galerie où il aimait aussi encourager les jeunes talents. Redisons que toute l'action de Christian Souillot était motivée par une véritable connaissance de l'histoire des arts plastiques. Pour un amateur d'art une visite dans sa demeure de Sennecey était un inégalable bonheur. Nous étions conscrits, Christian Souillot aurait eu 65 ans dans une vingtaine de jours. Notre chagrin est immense. Un homme aimé de tous vient de nous quitter. Nous présentons à toute sa famille nos très sincères condoléances. Un dernier hommage lui sera rendu mardi 10 mai, à 15h 15 au crématorium de Crissey près de Chalon-sur-Saône.