Retour sur une époque où la Modernité s’installait à Lyon…


Musée Dini, lorsque l’école de Paris s’installa au château Saint-Bernard…

Paul Dini admire l’œuvre de Suzanne Valadon depuis plusieurs décennies, en cela, il est dans la ligne des Ziniars : Pierre Combet-Descombes, Georges Albert Tresch, Antonin Ponchon, Venance Curnier, Etienne Morillon, etc… J’avoue n’avoir jamais vu au musée Dini une exposition accrochée avec un tel soin depuis le fabuleux hommage à Emilie Charmy. La conservatrice Sylvie Carlier, et toute l’équipe réunie autour d’elle, a fait un travail extraordinaire de sérieux et de concision. Sylvie Carlier a obtenu des prêts d’institutions très officielles comme le Centre Pompidou, le musée Fabre à Montpellier, le musée des beaux-arts de Nancy, ceux de Lyon, de Brou à Bourg en Bresse, du musée du Petit Palais à Genève, etc. Bien entendu, la Fondation Paul Dini à largement contribué à cet effort louable. L’effet pédagogique est immédiat et profond. On est heureux de tant de qualité dans le geste muséal. Il faut impérativement visiter cette magnifique présentation pour ressentir ce qu’est un Morillon de haute qualité, un sublime Tresch, un Ponchon très dominé, un Combet-Descombes d’exception. Une leçon pour les priseurs bradeurs de fonds d’ateliers à vils prix. Tresch était un admirateur de Suzanne Valadon, il l’a représentée dans un portrait très intéressant. Sylvie Carlier a eut raison de revenir sur les liens qui unissaient Valadon, Utrillo, Utter au Groupe des Ziniars. Marius Mermillon, le marchand de vin critique d’art et son ami parisien Georges Besson étaient heureux d’accueillir au salon du Sud-Est ( fondé le 7 juin 1925 ) naissant ces maîtres incontestables de la Modernité, alors rayonnante dans toute l’Europe à partir de l’école de Paris. Ne l’oublions pas, il y a chez Valadon du Degas, du Toulouse-Lautrec, artistes pour lesquels elle avait posé, et retenu de formidables leçons de peinture renforcées par un trait puissant, né de son caractère affirmé. Si André Utter révèle parfois des faiblesses dans l’élaboration de ses compositions et la sélection de ses couleurs, Maurice Utrillo reste l’enfant sublime, fidèle à la spontanéité de sa personnalité fragile, en lutte contre une intensive alcoolisation à l’origine de nombreuses discordes au sein de ce que Sylvie Carlier nomme «  la trinité maudite ». Son influence fut immense dans l’univers de la peinture. N’a t-il pas imprégné l’esprit de notre cher Hyacinthe Crochet si bien défendu par le regretté André Mure ? Installés au château de Saint-Bernard le trio recevra une partie du Tout Paris de la presse et des arts : André Warnod, Georges Charensol, Georges et Nora Kars, Max Jacob, Marien Pré et son épouse, souvent rejoints par le député-maire de Lyon Edouard Herriot, ou le romancier et critique d’art Henri Béraud. Heureusement, il y avait aussi les photographes Antoine Demilly et Théo Blanc qui nous laissèrent de si nécessaires témoignages. L’accrochage de documents, lettres ou photographies déclenche chez Sylvie Carlier la volonté d’abaisser les lumières. Cette fois, le climat lumineux est plus préservé. Tant mieux. L’obscurité ne sert pas la curiosité de l’amateur. Le public est enthousiasmé par de telles initiatives. Il y avait du monde le jour de notre passage. Je vous encourage très vivement à entreprendre le bref voyage vers la capitale de la Calade toujours très accueillante. L’exposition est dédiée avec une juste attention à Denise Fessetaud-Mermillon qui vient de nous quitter, et au souvenir de son père Marius Mermillon. Le musée Paul Dini lui, fête ses dix ans d’actions au service de l’aventure des arts plastiques à Lyon.