Salon de Lyon et du Sud-Est comme une nécropole…

Vendredi, 16 Novembre, 2012 - 19:38

Un salon comme les autres…

Marie-Agnès Gachet-Mauroz et Serge Champin

Pas tout à fait, car, il est présidé par un petit malin, Jean-Louis Mandon qui croit avoir trouvé un filon : la peinture lyono-lyonnaise. A l’entrée, deux grandes toiles de Jean Janoir qui vient d’être massacré par ses héritiers en salle des ventes, chez Artcurial. Naïvement, on pourrait penser : quelle courageuse initiative ! Quel engagement, après la désillusion de cette vente outrageuse ! Et bien, non. Il s’agit pour Jean-Louis Mandon d’annoncer au public la vente d’œuvres de Jean Janoir qu’il effectuera dans quelques jours, dans sa galerie, dont le salon n’est qu’un prolongement. Vous avez dit machiavélique ?... Le milieu lyonnais de la peinture a vécu une véritable hécatombe, sept décès : Françoise Turin un singulier de l’art passé trop inaperçu sauf au salon, Madeleine Lambert qui fut un peintre à périodes mais une admirable animatrice d’exposition à Vénissieux, Ivan Avoscan professeur de sculpture dont l’audience fut considérable, André Cottavoz membre du groupe des Sanzistes longtemps hésitant devant la peinture abstraite, qui savait nous accueillir dans son atelier de Vallauris, Jacques Vieilly, neveu d’Henri Vieilly, cheville ouvrière du salon, Jacques Poncet, Marc Josserand qui fut inspecteur des Impôts à un très haut niveau (il eut un bureau à Bercy) qui demeurait dans sa peinture un enfant émerveillé, un véritable singulier de l’art. Marc Josserand fut aussi un romancier prolifique, plusieurs fois récompensé. Les hommages rendus occupent une bonne partie des cimaises. Dans les interstices on voit un très beau Jacques Truphémus. Une fois n’est pas coutume. Robert Duran mérite la célébration honorant son talent, son irréductible caractère. Juliette Beaudroit rêve d’impossibles espoirs. Alain Roll, fidèle à ses valeurs pour notre plus grand plaisir. Evelyne Chevalier ne paraît pas très en forme. Georges Darodes a remis une œuvre juste pour ne pas être absent. La peinture d’Alain Demond révèle un désespoir, comme il est dur de vieillir. Devant la production de Jacques Dekerle on se dit qu’il ne suffit pas de changer de nom pour retrouver son talent perdu. Marie-Thérèse Bourrat est toujours prête à tout, et sa peinture finit par s’en ressentir. Lucia Araneda ne me fera pas modifier mon opinion, à Lyon, les bons sculpteurs sont rares. Régis Bernard est devenu insignifiant à force de renoncements. Les pélerins d’Alice Gaillard parviennent sans difficulté à nous convaincre. Le format sert admirablement son propos, l’esprit est en alerte. Paul Régny a vécu une expérience à côté de son épouse Andrée Le Coultre. Il était question d’Albert Gleizes et du Cubisme. Lorsqu’il a ouvert les yeux, l’aventure était achevée. Frédéric Lorton propose une œuvre forte qui parle aisément à notre mémoire. Maurice Sage se met à faire de la peinture. Il n’est jamais trop tard. Sylvie Margot compose laborieusement des effets qu’on voit un peu partout. Elle ferait une bonne employée pour la pub de Macdo. Indigeste. Paulette Bacon admire encore les nuagistes, et Jean Janoir. Maria Albagnac-Vivès de plus en plus peintre, de moins en moins photographe. Tachon toujours tacheron de l’art construit. Favrène si singulier qu’il finira au musée de Lausanne, si les Oullinois ne le mangent pas. Serge Champin toujours empaillé. Pourquoi ces cadres noirs ? Yann Rivron meilleur avec une plume qu’avec un pinceau. Bergignat et Tardy, qui copie sur l’autre ? C’est affligeant. Danielle Stéphane ne sait pas où elle est, ni ce qu’elle fait. Nous non plus !... Michel Gilbert est revenu avec raison après avoir pris ses distances. Jean-Louis Pichon Martin est un philosophe illusionniste. De loin, ses paysages semblent intéressants, de près, ils révèlent une épouvantable cuisine. C’est lamentable. Peinture à effets pour gogos bobos. Joëlle Vulliez-Malinge fausse bonne peinture abstraite. Retour dans le passé. Jacques Lechevallier a raison de persévérer. Hélène Lameloise est une fille de très bonne famille. Tout le monde lui cire les bottes. Pas moi. C’est un suiveur ordinaire et outrecuidant. Evelyne Rogniat chute dans la photo à tics. Le risque encouru par ceux qui n’ont plus d’imagination. Marcel Picard voit des ectoplasmes, nous aussi, et, nous avons peur. Deux artistes nous ont surpris : Christophe Marion l’un des plus vrais. Il ne cherche pas à produire des effets comme Gilbert Houbre. Il est dans son sujet, et nous captive. Bravo !... Et, Marie-Agnès Gachet-Mauroz dont le tryptique est incontestablement la pièce centrale de ce salon. Marie-Agnès contrairement à de nombreux sociétaires, sait pourquoi elle peint. Son œuvre est le résultat d’une lutte constante dans l’intimité de sa dualité. Elle ne cherche pas. Elle trouve. Et cela déplait à certains. Je regrette qu’on ait négligé d’apporter l’éclairage indispensable à cette admirable composition qui souffre de l’obscurité dans laquelle on l’a plongée, avec une stupéfiante maladresse. J’oserai évoquer une injustice répréhensible. Jusqu’au 2 décembre 2012. Palais des Expositions. 18/20 quai de Bondy-Lyon 5e.