Ludovic B. Restaurant

Mardi, 2 Janvier, 2024 - 19:04

Il existe entre les Brotteaux et la Part-Dieu dans cette portion de la rue Masséna riche de restaurants cosmopolites, une chouette adresse, au 90.

L'enseigne indique Ludovic B. On pénètre dans une vaste salle au décor minimaliste mais chaleureux et raffiné. Une grande bibliothèque couvre le mur principal. Un livre à couverture rouge est en bonne place. C'est Le Feu sacré de Paul Bocuse. Serait-ce une indication sur la ligne culinaire du chef ? Le produit avant tout et sa mise en valeur ? Assurément. Ludovic Boulgakoff, chef Toque Blanche lyonnaise est expérimenté et calme. Sa modestie l'honore à une époque où certains cuisiniers surfaits, gonflés d'un ego affligeant se métamorphosent en stars tonitruantes.

A ma première venue, j'avais vraiment apprécié le déjeuner, autant que la personne qui m'avait conviée heureuse de me faire découvrir cette adresse. La deuxième visite allait-elle confirmer ce souvenir délicieux ? Mieux. Est-ce possible ? Même si la fois précédente fut auréolée de la dégustation d'un sublime Côtes rôtie Yves Cuilleron 2019.

La carte de Ludovic B est courte, juste ce qu'il faut. Un engagement de qualité. Nous avons opté pour le menu Tentation. Le saumon mariné crémeux citron et roquette aux légumes était une assiette parfaitement équilibrée. Le second « goûteur » se régala d'un tataki de bœuf, crème de moutarde et parmesan. La préparation des palais se fit en douceur et fraîcheur. Pour suivre, le filet de daurade, remplacé ce jour là par un filet de plie, était servi avec un risotto safrané aux algues. Parfait. Sauce vierge pour le poisson. Divin. Vous fermez les yeux, vous êtes en mer. Une assiette simple et subtile. Alors que j'émergeai de ma traversée de l'Atlantique, je vis mon ami découper délicatement son magret dont la cuisson avait rempli toutes ses promesses à voir cette croûte tendre et craquante. Il dégustait dans un silence religieux. Je citai alors Audiard dans ma tête : quand on n'entend que le ballet des mandibules c'est bon signe. Le magret était rehaussé de poivre de Madagascar et serti d'orecchiette (pâtes en forme de petites oreilles), pistou et tomates séchées. Nous avions choisi pour sublimer cet ensemble gustatif une bouteille de Mercurey 1er cru « Champs Martin » Domaine Theulot Juillot 2020, parmi l'excellente sélection de la carte des vins.

Pour terminer en beauté je renonçais pour une fois au chocolat que mon associé d'agapes dégusta avec un enthousiasme enfantin. Ici le coulant au chocolat Valrhona, glace caramel au beurre salé est un permanent de la carte des desserts. C'est un must. Alors que je ne suis pas très portée sur les fruits pour les douceurs de fin de repas, je fus tentée par la verrine d'ananas rôti au miel, sorbet fraise, espuma goyave. Renversant. Un plaisir total. Le fond de la verrine est brûlant, l'ananas bien au chaud. Sa riche saveur rentre en symbiose avec la sapidité glacée de la fraise et de la goyave. Les 17 muscles de la langue et le palais en sont chamboulés.

Un dernier mot, sur le service. J'avais lu subrepticement sur un certain réseau d'opinions une réserve sur « le service trop long ». Que nenni ! Le service n'est ni trop lent, ni trop rapide, juste à la mesure de ce qu'il faut de temps entre deux plats.

Une adresse à retenir. Il est prudent de réserver, surtout pour les groupes. Menu gourmand 26€. Menu Tentation 37€. Formule déjeuner 20€. Menu enfant 14€. Salle climatisée. Ludovic B. 90 rue Masséna. Lyon 6e. 04 37 24 19 28. Ouvert du lundi au vendredi midi et soir. www.ludovicb.fr

Paule Martigny. Mémoire des Arts - blog-des-arts /gastronomie