La Malnata / Albin Michel

Lundi, 1 Mai, 2023 - 07:15

Dans un style clair et vif Beatrice Salvioni s’impose sur la scène littéraire

Beatrice Salvioni est née en 1995 à Monza. Elle a remporté plusieurs prix pour ses nouvelles. "La Malnata" est son premier roman. Il bénéficie d’un lancement exceptionnel, mondial, les droits ayant été achetés dans 28 pays. Il s’agit de l’amitié de deux adolescentes dans l’Italie fasciste, l’une est issue de la bourgeoisie, l’autre des milieux populaires. Deux héroïnes différentes. Francesca est une jeune fille à qui on a appris les bonnes manières, à se taire et ne pas faire de bruit. Maddalena à l’inverse a les genoux écorchés, joue dehors, résiste et désobéit. Leur amitié intense et émancipatrice va leur permettre d’apprendre l’une de l’autre. Etre mal née s’applique ainsi dans les deux cas, à l’une prisonnière de son carcan social qui aspire à la liberté, et à l’autre gamine des quartiers pauvres qui porte en elle le malheur. Elles vont unir leurs forces face à la morale sociale et la violence des hommes. En regard de cette amitié, on ne peut évidemment s’empêcher d’établir un lien avec "L’Amie prodigieuse" d’Elena Ferrante. Beatrice Salvioni doit cette histoire à sa grand-mère qui, au regard de ses déceptions de la vie aurait souhaité qu’elle soit née garçon. Elle confie que "c’est grâce à elle que j’ai commencé à écrire des histoires de femmes qui font des choses impossibles". Raison pour laquelle dans "La Malnata" ces gamines se rebellent contre un monde rustre. Mais pourquoi à vingt-six ans, Beatrice Salvioni a-t-elle choisi de situer son roman dans la période fasciste ? Peut-être à cause de la question qu'elle se pose : "Qu’aurais-je fait moi ?", d'où découle la suivante : "Qu’est-ce que je fais moi, maintenant ?" Et aussi parce que les années 1930 sont symptomatiques de sexisme, de misogynie et de haine. Broché sous jaquette. Format : 14 x 20,5 cm. 336 p. 21,90. Paule Martigny