Les romans d’avant / Albin Michel

Lundi, 8 Février, 2021 - 12:29

Trois romans d’Eric Neuhoff…

Trois romans, trois décennies, trois femmes qu’il n’a pas su retenir. « Les hanches de Laetitia » : c’est l’année du bac dans les années 1970, les copains, les fêtes, les filles. Il est amoureux transi de Laetitia, mais ils sont tous amoureux d’elle comme dans la chanson A bicyclette. La vie de l’ado de ces années-là, c’est un rêve impossible aujourd’hui, comme une friandise qu’on aurait pas le droit de manger. Les références au cinéma, à la littérature et à la musique sont multiples. Un pur bonheur. Mais l’euphorie n’est pas la même pour tous, les apparences sont parfois trompeuses, il y aura un suicide. On pense au film « Les Tricheurs ». Dans « La Petite française », une femme vient de le quitter, il a changé d’éditeur et il a presque trente ans. Sa rencontre Bébé le transforme. Elle lui devient indispensable : « Je ne regardais plus les femmes. Mais Paris était devenue la ville où habitait Bébé ». Il lui fait découvrir « Le Mépris » de Godard, qu’ils revoient de multiples fois, qu’ils adorent. Plus tard il y aura l’accident de voiture en décapotable comme dans Le Mépris. Eric Neuhoff, lu, pense à Nimier et son Aston Martin. Comme dans Gatsby, il ne dira jamais à personne que c’était elle qui conduisait. Dans « Un bien fou », dix ans plus tard, il est salement amoureux de Maud. Une passion. Mais il se la fait rafler par un célèbre écrivain américain septuagénaire. C’est ballot, il avait insisté pour qu’elle le lise. Eric Neuhoff adore observer les femmes qu’il aime. Il savoure chacun de leurs gestes et s’en émeut. Ces trois romans où se disputent charme, dérision et nostalgie, sont des pépites quoi qu’en dise l’auteur dans la préface où il se traite de petit con. Spirituel, souvent désopilant, un style personnel de phrases courtes, fulgurances de pensées livrées sans retouches. Absolument conseillé. Broché. Format : 14 x 20 cm. 480 p. 25€. Paule Martigny