Solak / Rouergue noir

Jeudi, 22 Avril, 2021 - 19:07

Au nord du cercle polaire arctique. Drame en huis clos

Caroline Hinault est née en 1981 à Saint-Brieuc. Elle est agrégée de Lettres modernes et enseigne la littérature à Rennes. Ce premier roman rageur joue avec nos nerfs. D’août, peu de temps avant le grand hiver arctique, à mars, sur la presqu’île de Solak. Quelques baraques, trois hommes : Grizzly un scientifique idéaliste qui effectue des observations climatologiques, Roq et Piotr deux militaires au passé trouble. Ils sont chargés de la surveillance du territoire et de son drapeau. Piotr est le narrateur. « Qui sait vraiment quand commencent les drames, dans quel terreau pourri s’enfoncent leurs racines ? » Leur collègue, le grand Igor s’était fait sauter le caisson à Solak où il n’y a que le blanc, le silence et la parole des vivants. Le jour où une jeune recrue arriva par les airs, l’hélicoptère emporta le corps d’Igor. La recrue, c’est un gamin, vingt ans peut-être. A l’arrivée du jeune soldat énigmatique, sa présence muette crée un trouble, suscite l’animosité de Roq, et exacerbe la violence latente au sein du groupe. Qui est véritablement cette recrue ? Il est muet mais pas sourd et il écrit sans arrêt dans des carnets. La solitude et l’enfermement « font couler du mauvais gras ». Ils s’enfoncent dans la noirceur, celle de la nuit polaire et celle des hommes. Extrême, est le terme qui vient à l’esprit pour qualifier ce roman : le lieu, les personnages, l’histoire et l’écriture. Le livre terminé, le sentiment que quelque chose m’avait échappé me chagrina. Pourquoi la fin créait en moi un trouble? Une confusion de ne pas avoir tout compris. Je décidais de relire quelques passages, et surtout l’intégralité du dernier chapitre. En effet c’est composé « à l’os ». Il y a un sérieux travail sur le style, sur les mots, sur l’intrigue. Certains romans m’avaient inspiré une émotion analogue, parmi lesquels : « La femme du braconnier » de Claude Pujade, « Peau en poil » de Alain Galan, « Par les rafales » de Valentine Imhof, « Jusqu’à la bête » de Timothée Demeillers ou « Ma Reine » de Jean-Baptiste Andrea. Lecture très conseillée. Broché. Format : 14 x 20,5 cm. 128 p. 15€. Paule Martigny